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avoit trouvée, et pour ce l’appeloit-on la fontaine de Daphnis, de laquelle on arrosoit les fleurs. Et à lui, Lamon lui recommandoit qu’il engraissât bien ses chèvres le plus qu’il pourroit, parce que le maître ne faudroit à les vouloir voir comme le reste, n’ayant de long-temps visité ses terres et son bétail.

Mais Daphnis n’avoit pas peur qu’il ne fût loué de quiconque verroit son troupeau, car il l’avoit accru du double, et montroit deux fois autant de chèvres comme on lui en avoit baillé, n’en ayant le loup ravi pas une ; et si étoient en meilleur point et plus grasses que les ouailles. Afin néanmoins que son maître en eût de tant plus affection de le marier où il vouloit, il employoit toute la peine, soin et diligence qu’il pouvoit à les rendre belles, les menant aux champs dès le plus matin et ne les ramenant qu’il ne fût bien tard. Deux fois le jour il les faisoit boire, et leur cherchoit tous les endroits où il y avoit meilleure pâture : il se souvint aussi d’avoir