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des sons sur la lyre et sur la cithare, et lui enseignèrent toute sorte de chant ; si qu’étant jà venue en la fleur de son âge, elle dansoit avec les Nymphes et chantoit avec les Muses : mais elle fuyoit les mâles, autant les Dieux que les hommes, aimant la virginité. Pan se courrouça contre elle, jaloux de ce qu’elle chantoit si bien, et dépité de ne pouvoir jouir de sa beauté. Il rendit furieux les pâtres et chevriers du pays, qui, comme loups ou chiens enragés, se jetèrent sur la pauvre fille, la déchirèrent, chantant encore, et çà et là dispersèrent ses membres pleins d’harmonie. Terre les reçut en faveur des Nymphes, conserva son chant, retient sa musique, et depuis, par le vouloir des Muses, imite les voix et les sons, représente, ainsi que faisoit la pucelle de son vivant, hommes, Dieux, bêtes, instruments et Pan quand il joue de la flûte, lequel entendant contrefaire son jeu, saute et court par les montagnes, non