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Daphnis alors songeant à ce qu’elle lui avoit dit, ne savoit plus s’il oseroit rien exiger de Chloé outre le baiser et l’embrasser. Il ne vouloit point la faire crier, car ce lui sembloit acte d’ennemi ; ni la faire pleurer, car c’eût été signe qu’elle eût senti mal ; ou la faire saigner, car étant novice, il craignoit ce sang, et pensoit être impossible qu’il sortît du sang sinon d’une blessure. Si s’en revint du bois en résolution de prendre avec elle les plaisirs accoutumés seulement, et venu à l’endroit où elle étoit assise faisant un chapelet de violette, lui controuva qu’il avoit arraché des serres mêmes de l’aigle l’oison de Lycenion ; puis l’embrassant, la baisa comme Lycenion l’avoit baisé durant le déduit, car cela seul lui pouvoit-il, à son avis, faire sans danger ; et Chloé lui mit sur la tête le chapelet qu’elle avoit fait, et en même temps lui baisoit les cheveux, comme sentant à son gré meilleur que les violettes ; puis lui donna de sa panetière à repaître du raisin sec et quelques pains, et