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l’une, puis l’autre ; autant en faisoient les boucs après les chèvres, sautant à l’environ, combattant et se cossant fièrement pour l’amour d’elles. Chacun avoit les siennes à soi, et gardoit qu’autre ne fît tort à ses amours ; toutes choses dont la vue auroit en des vieillards éteints rallumé le feu de Vénus, et trop mieux échauffoit ces deux jeunes personnes, qui de long-temps inquiets, pourchassant le dernier but du contentement d’amour, brûloient et se consumoient de tout ce qu’ils entendoient et voyoient, cherchant quelque chose qu’ils ne pouvoient trouver outre le baiser et l’embrasser. Mêmement Daphnis qui devenu grand et en bon point, pour n’avoir bougé tout l’hiver de la maison à ne rien faire, frissoit après le baiser, et étoit gros, comme l’on dit, d’embrasser, faisant toutes choses plus curieusement et plus hardiment que paravant, pressant Chloé de lui accorder tout ce qu’il vouloit, et de se coucher nue à nu avec lui plus longuement