Page:Courant - Un établissement japonais en Corée, Pou-san depuis le XVe siècle, 1904.pdf/9

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Un établissement japonais en Corée

POU-SAN DEPUIS LE XVe SIÈCLE.

I

Pou-san (japonais Housan ou Fusan) est situé au sud-est de la Corée, en l’un des points le plus rapprochés du Japon ; de Pou-san à Tsousima on compte un peu plus de cinquante kilomètres ; du sud de Tsousima à Iki, cinquante kilomètres : du sud de Tsousima à la côte de Kyouchou, quatre-vingts kilomètres ; l’île japonaise de Tsousima est en vue de la terre japonaise et de la terre coréenne. Le port de Pou-san, fermé par l’île de Tjyel-yeng (Deer Island), médiocrement protégé et d’entrée étroite, est mieux approprié aux besoins des jonques qu’à ceux des bateaux à vapeur ; bien qu’entouré de collines, il communique facilement avec l’intérieur du pays ; à peu de distance à l’ouest s’ouvre l’embouchure du Rak-tong qui arrose la plus grande partie de la riche province de Kyeng-syang.

II

En 1443, le roi de Corée Syei-tjong fit une convention avec Sô Sadamori, seigneur de Tsousima. Suspendues pendant quatre-vingts ans, les relations pacifiques entre la Corée et le Japon avaient lentement repris à partir de 1367, encore interrompues par des descentes de pirates japonais et des expéditions navales coréennes. Le chôgoun Asikaga Yosimitsou, résidant à Kyôto, favorisa le commerce régulier avec la Corée et la Chine, il prit des mesures sévères contre la piraterie, envoya des missions en Chine (1401, 1403), obtint de la Cour de Nanking le titre de roi du Japon avec cent passes scellées à remettre aux jonques de commerce (1404, 1405) ; le même chôgoun et ses successeurs échangèrent avec Seoul des ambassades ; ils demandèrent et obtinrent des livres bouddhiques, des produits de luxe, de l’ivoire. Les seigneurs de Tsousima avaient encouragé ces relations amicales et en avaient les premiers profité ; dès 1368, ils envoyèrent des présents à leurs voisins du continent et reçurent en retour 1000 kokou de riz[1]. En 1419, à l’issue d’une campagne où les avantages avaient été partagés, l’idée s’était fait jour à Seoul de donner au seigneur de Tsousima une situation privilégiée, de faire de lui un intermédiaire avec le Japon, un gardien des côtes du sud-est. Toutefois la première entente formelle dont je trouve mention, fut purement commerciale, avec Kobayagawa Motsihira, d’Aki (sur la mer intérieure) qui obtint le droit d’envoyer tous les ans en Corée trois jonques de commerce (1440).

Par la convention de 1443, conclue avec l’agrément du chôgoun, le seigneur

  1. 1 kokou = 180 litres actuellement.