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(p. 8). Ce trafic subsistait au début du XVIIIe siècle et il ne semble pas qu’il ait disparu par la suite : mais les Japonais avaient trouvé moyen d’y joindre un autre genre d’affaires. Les marchands coréens étant peu nombreux et timides, une partie des denrées importées restait aux importateurs ; leurs plaintes et leurs tracasseries décidèrent le gouvernement à se porter acheteur : c’est ce qu’on appela les achats officiels, kong-mou. Les fonctionnaires coréens et les officiers japonais procédaient dans la concession à l’opération du pesage et de la réception des marchandises qui étaient payées en toile de coton estampillée. À l’origine, il n’y eut pas de limite fixée à l’importation ; mais chaque année les Japonais apportaient des cargaisons plus considérables et, avec menaces, en exigeaient la réception : en 1613, sur l’initiative de Ri Tchyang-tyeng, magistrat de Pou-san, on établit un maximum pour la cargaison de chaque jonque[1]. Il y eut vraisemblablement des fraudes et, pour y obvier, le gouvernement coréen exigea (1635) que les jonques vinssent toutes en deux convois, que les livraisons fussent totalisées.

Le tarif des marchandises japonaises pour les achats officiels fut fixé en 1601, bientôt augmenté de 25 % et augmenté encore de 20 % en 1609[2]. D’abord payés en toile, les gens de Tsousima demandèrent ensuite à être payés en grains ; on le leur accorda pour une partie des achats (1635) ; plus tard (1660, 1680) ils demandèrent davantage. « Tsousima, disaient les envoyés, vivait des grains de la Corée. » Le tarif de conversion de la toile en grains fut aussi un objet de discussions : le taux du change ayant baissé de 8 seung[3] pour 40 pieds à 5 seung pour 35 pieds, soit environ de 30 %, les Japonais se plaignirent tant qu’on leur accorda un dédommagement sur la longueur et la finesse des pièces. Les autorités coréennes n’entendaient rien à ces questions de tarif, elles protestaient et cédaient toujours, les concessions faites à titre provisoire devenaient toujours définitives. Les Japonais n’entreprenaient rien sur l’isolement dont la Corée avait fait un principe ; mais par leur ténacité et leurs menaces, ils savaient tourner les clauses de la convention de 1609, inonder la péninsule de denrées « dont le gouvernement n’avait que faire et qu’il payait dix fois plus cher que leur valeur commerciale », disent les auteurs du Htong moun koan tji.

Je trouve dans ce même ouvrage le tableau, au début du XVIIIe siècle des importations et exportations tant au titre pyel-pok (présents) qu’au titre kong-mou (achats officiels).

Importations totales.
Cuivre
29 373 livres.
Plomb
16 013 livres.
Bois du Brésil
6 335 livres.
Corne noire
400 htong[4].
Poivre
4 400 livres.
  1. Il est donc vraisemblable que le système des achats officiels était antérieur à la guerre, la reprise des affaires à Pou-san ne datant que de 1611. Le prix du cuivre fut fixé dès 1601 ; si cette question était traitée au début des négociations, c’est probablement qu’un tarif existait précédemment.
  2. 100 livres de cuivre valant successivement 40, 50, 60 pièces de toile.
  3. 1 seung = 1/10 de boisseau.
  4. 1 htong = 6/10 de boisseau.