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Tsousima qui avait pris une part active aux négociations de 1598-1609. Par égard pour la mémoire de ce prince, la Cour de Seoul admit à ce titre une jonque annuelle (1622). L’envoyé et l’équipage (40 hommes) étaient entretenus par le gouvernement ; jonque pour l’eau et le bois, 15 hommes.

3o Envoyé muni d’un sceau du Ryou-hô-in (Ryou-pang-ouen). Ce temple est celui de Yanagawa Kagénaho ; le sceau fut accordé en 1622 et repris en 1636 à la suite de la condamnation de Yanagawa Tsougouoki ; rendu en 1638 au seigneur de l’île, le sceau et l’envoyé furent finalement supprimés.

4o Envoyé muni d’un sceau du I-téi-an (I-tyeng-am). En 1611, le bonze Genso, négociateur de 1609, avait fondé cette résidence : après sa mort, un sceau pour le voyage annuel fut accordé à la bonzerie ; retiré en 1636, le sceau fut rendu en 1638 sur la demande du seigneur de l’île. Même équipage et même traitement que pour le no 2 ; pas de jonque pour l’eau et le bois.

5o Envoyé muni d’un sceau de Tahira no Hikosan. Hikosan était le nom familier du seigneur de Tsousima, Yosinari ; en 1611, son père Yositosi obtint pour lui un sceau pour voyage annuel ; le sceau resta à Tsousima même après l’avènement de Yosinari (1615) et ne fut rendu qu’à sa mort (1657). Jusque-là ce voyage annuel subsista. Même équipage et même traitement que pour le no 2 ; pas de jonque pour l’eau et le bois.

6o Envoyé muni d’un sceau de Tahira no Yosizané. Le sceau fut accordé quand Yosizané était héritier présomptif de Yosinari : il fut rendu à la Corée à la mort du titulaire (1702). Il n’y eut désormais pas d’autres sceaux accordés par le gouvernement coréen.

7o à 11o. Au rétablissement de la paix en 1609, cinq sujets de Tsousima, pour des services rendus à la Corée, reçurent des grades coréens avec le droit de venir chaque année en personne à Pou-san pour faire transmettre leurs hommages à la Cour, chacun amenant une jonque de commerce. Les documents ne citent de façon intelligible que trois de ces personnages, Houdzi (nom qui semble incomplet) Nagamasa, Tahira no Tomoyosi, Tahira no Noboutoki. À leur mort, le seigneur de Tsousima insista pour annexer ces cinq jonques à celle du premier envoyé spécial ; le gouvernement y consentit, mais supprima les banquets et présents donnés aux officiers de ces jonques.

Les seigneurs de Tsousima, par divers moyens, réussissaient donc à faire passer à Pou-san beaucoup plus de jonques qu’il n’était autorisé par la convention primitive ; de même ils surent augmenter la quantité des marchandises importées et exportées. La cargaison des jonques était double, comprenant les présents (tjin-syang, pyel-pok) destinés au gouvernement coréen et les marchandises. La nature et la quantité des présents étaient fixes ; les Coréens donnaient des présents également déterminés ; il semble que ceux ci n’étaient pas toujours remis en nature, puisque le Htong moun koan tji indique la valeur coréenne de ce qui était destiné à chaque jonque ; la Corée payait ainsi pour les présents des jonques de commerce plus de 1140 tong de toile de coton[1] : la pièce, d’une qualité déterminée, était alors estampillée et avait cours légal.

Les marchandises apportées par les envoyés, leur escorte et l’équipage, étaient d’abord l’objet d’un trafic privé, comme je l’ai dit plus haut

  1. 1 torg = 50 pièces ; la pièce est de 35 pieds sur 7 pouces (7/10 pied) de large. Le pied officiel pour les étoffes, hpo-pàik-tchyek, équivant à 218 mm.