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Les missions diplomatiques de Tsousima étaient de deux classes suivant qu’elles venaient au nom du seigneur ou pour transmettre une communication du chôgoun ; les premières (tai tchài oa) comprenaient près de quatre-vingts personnes, elles étaient reçues par des fonctionnaires de rang élevé délégués du gouvernement central ; les secondes (tchài oa), moins nombreuses, une cinquantaine de personnes, parfois davantage, étaient reçues au nom du gouverneur du Kyeng-syang to ; dans les deux cas les fonctionnaires délégués étaient assistés d’interprètes qui appartenaient à la Cour des Interprètes existant à Seoul. Les envoyés japonais n’étaient plus jamais autorisés à monter à la Capitale ; un seul Japonais fut l’objet d’une exception, ce fut le bonze Gembô, chargé d’une mission secrète après la première invasion mantchoue (1629). Jusqu’en 1635, les missions n’étaient pas traitées aux frais du trésor, les communications du Japon devant être faites à l’occasion seulement des missions commerciales annuelles (art. 4 de la convention de 1609.) En 1635, la falsification de lettres officielles par les envoyés japonais, Yanagawa Tsougouoki et le bronze Gembô, amena une enquête et des relations plus fréquentes avec le Japon ; la Corée reprit alors à sa charge l’entretien des envoyés diplomatiques pendant leur séjour : mais ce fut, dit l’Historique de la Cour des Interprètes, la source de dépenses sans fin. La durée du séjour des envoyés était limitée à cinquante-cinq jours, sauf pour les missions d’affaires où aucun délai n’était fixé. Les envoyés restaient enfermés dans la concession des Japonais ; c’est là qu’ils prenaient part aux banquets rituels présidés par les mandarins de Pou-san et par les délégués du gouvernement. Ils ne sortaient, semble-t-il, qu’une seule fois de la concession pour aller se prosterner devant la tablette royale érigée dans une salle spéciale (kàik-sya) : Genso et Yanagawa Kagénaho, les négociateurs de 1609, avaient demandé que cette cérémonie tînt lieu du moins des audiences supprimées ; les envoyés restaient dans la cour et ne pouvaient pénétrer dans la salle même ; par égard pour eux, le gouvernement finit par permettre (après 1637) qu’on établît un plancher dans la cour.

Les ambassadeurs coréens et japonais étaient toujours chargés de porter des présents et en recevaient en retour de valeur équivalente ; la nature et la quantité étaient fixées par l’usage. Les termes employés pour désigner les présents et la liste jointe (pyel-pok, pong-tjin) impliquaient l’égalité du donateur et du donataire. Avant 1632, les seigneurs de Tsousima usaient de l’expression plus respectueuse tjin-syang ou tjin-hen ; on garda l’expression tjin-syang pour les legs faits au roi lui-même par les seigneurs Yosimari (1657) et Yositomo (1695). Au Japon, les présents étaient remis au chôgoun, à l’héritier présomptif, aux principaux fonctionnaires de Édo, au seigneur de Tsousima et à ses officiers ; ils étaient offerts au nom du roi, du directeur et du sous-directeur des Rites suivant le rang du destinataire. Les envoyés coréens y joignaient des cadeaux présentés en leur propre nom aux mêmes personnages, et aussi aux fonctionnaires japonais qu’ils rencontraient à Pou-san et pendant le voyage. En Corée, les présents étaient adressés non pas au roi, puisque le seigneur de Tsousima ne pouvait lui écrire, mais au directeur et au sous-directeur des Rites, aux autorités de Tong-rài et de Pou-san ; ces fonctionnaires, et tous ceux qui étaient en rapports avec les envoyés japonais, répondaient par des cadeaux déterminés, offerts en des occasions fixes ; les cadeaux royaux en retour des legs mentionnés plus haut furent particuliè-