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coréenne, étaient rédigées en termes supposant l’égalité des deux correspondants. En 1609, une nouvelle convention régla les rapports avec Tsousima ; elle est dominée par la méfiance à l’égard des Japonais et leur accorde moins d’avantages encore que celle de 1512 : la politique du taikô avait pour résultat la fermeture presque complète de la Corée.

V.

Je ne puis donner ici traduction de cette convention en 13 articles dont la rédaction ressemble à celle des conventions précédentes[1] ; je préfère examiner d’après cette convention et d’après les règlements qui furent appliqués, la situation du port de Pou-san et l’état des rapports entre les deux pays.

Pou-san[2] restait seul accessible et c’est là que débarquaient tous les Japonais, c’est de là que partaient les envoyés coréens. Les ambassades coréennes étaient purement rituelles ; elles allaient à Édo porter au chôgoun les félicitations ou les condoléances du roi ; plusieurs fois elles poursuivirent jusqu’à Nikkwô pour offrir des sacrifices sur la tombe de Ihéyasou, le premier des Tokougawa ; elles étaient reçues avec les plus grands honneurs[3] ; comprenant un personnel très nombreux (de 350 à 400 personnes) elle devinrent à charge au gouvernement japonais qui, à partir de 1811, les fit recevoir à Tsousima même. Les missions près du seigneur de Tsousima étaient plus fréquentes, presque toujours aussi de nature rituelle ; la qualité des envoyés variait avec la destination de l’ambassade. C’est seulement de Tsousima qu’étaient expédiées les missions japonaises, les plus fréquentes pour présenter des félicitations, des condoléances au gouvernement coréen, pour annoncer l’avènement, la mort ou la naissance d’un chôgoun, d’un seigneur de Tsousima, d’un héritier présomptif ; quelques-unes étaient chargées de traiter une question litigieuse, ou avaient un but politique : c’est ainsi qu’au XVIIe siècle le Japon s’efforça de convertir la Corée à ses plans xénophobes et antichrétiens et s’informa à diverses reprises de l’état interne de la Chine (chute des Ming, révolte de Wou San-kwei). En toutes circonstances, les missions japonaises venaient du seigneur de Tsousima, communiquant en son nom ou au nom du gouvernement de Édo ; les lettres étaient adressées par ce seigneur au directeur ou au sous-directeur du ministère des Rites qu’il traitait en égaux. Depuis la guerre, les relations directes entre la Corée d’une part, le chôgoun et les daimyô d’autre part étaient supprimées.

  1. Le système des passes délivrées par le seigneur de Tsousima subsistait ; les catégories de jonques, le nombre d’hommes d’équipage sont les mêmes ; j’indique ci-dessous surtout les innovations.
  2. Une tradition parle pour une époque indéterminée d’un établissement japonais dans l’île de Tjyel-yeng en rade de Pou-san ; d’autre part le Tong kouk ye ti seung ram indique (en 1530) Tcho-ryang-hang dont je parlerai plus loin, comme situé sur l’île de Tjyel-yeng. Il y a là une confusion difficile à débrouiller.
  3. L’autobiographie de Arai Hakouséki (G. W Knox, Transactions Asiat. Soc. Japan, vol. XXX, p. 89 ; Tôkyô, 1902) donne des détails circonstanciés sur l’ambassade de 1711 ; Arai réduisit les honneurs rendus aux envoyés, mais en 1719, on revint aux anciens précédents. D’après le détail des cérémonies, le roi de Corée était tenu pour au moins égal au chôgoun. Voir Htong moun koan tji, liv. 6.