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pirates ne manquent pas d’entretenir avec les paisibles commerçants de terre ferme ; les châtiments appliqués au Japon étaient d’ailleurs plus rigoureux que ceux de la législation coréenne. Les mesures défensives du commandant étant insuffisantes, l’effet fut fâcheux ; les résidents japonais de Pou-san surprirent au milieu de la nuit le camp coréen, massacrèrent les officiers, puis se joignirent à ceux de Tjyei-hpo, prirent aussi la ville de Oung-tchyen ; les révoltés s’enfuirent ensuite sur leurs bateaux ; la colonie de Yem-hpo s’était réfugiée à Tsousima à la première nouvelle des troubles. Une mission fut envoyée l’année suivante par le chôgoun Yositané et par le seigneur de Tsousima pour rétablir les relations ; l’envoyé, le bonze Hô-djou, rapporta comme réponse que le châtiment des criminels devait précéder toutes négociations. Le bonze étant revenu avec les têtes des coupables, un nouveau traité fut conclu (1512) ; les Japonais eurent interdiction de résider dans les Trois Ports et le gouvernement coréen se borna à rouvrir à Tjyei-hpo l’hôtel des envoyés. L’interdiction de résidence ne fut pas observée, puisque des faits analogues se reproduisirent bientôt (1541) ; à la suite d’une rixe à Tjyei-hpo, les Japonais furent expulsés ; le chôgoun Yosiharou livra de lui-même les coupables, un haut fonctionnaire coréen, Kim An-kouk, fut envoyé à Tsousima pour discuter un arrangement, il devait se refuser au rétablissement de toute colonie japonaise ; on finit toutefois par tomber d’accord sur la suppression définitive de la concession de Tjyei-hpo et sur l’établissement à Pou-san de l’hôtel des envoyés (1543). Cet hôtel devint sans tarder le centre d’un nouveau groupement des insulaires.

La convention de 1512 réglait les relations officielles. « Pour le seigneur de Tsousima, on lui remettra tous les ans 100 syem de riz et fèves au lieu de 200 syem. — Les détenteurs de sceaux et les personnages investis de charges coréennes ne seront pas entretenus [aux frais du gouvernement]. — Le seigneur de Tsousima enverra chaque année 25 jonques au lieu de 50 ; savoir 9 grandes jonques à 40 hommes d’équipage, 8 jonques moyennes à 30 hommes, 8 petites jonques à 20 hommes. — Les jonques spéciales hteuk song sont supprimées ; s’il y a quelque affaire, on profitera de la mission annuelle pour en faire part. — Le fils du seigneur de Tsousima, Sô Koumamitsou, enverra chaque année trois jonques ; la taille n’en est pas fixée. — Le neveu du seigneur de Tsousima, Sô Morioudzi [a droit à] une jonque. — Chaque personnage revêtu d’une charge coréenne a droit d’envoyer une jonque par an ; [pour les missions de ce genre et pour les missions inférieures] de chaque jonque un seul représentant a droit d’aller à la Capitale »[1].

Plusieurs clauses de la convention manifestent chez le gouvernement coréen le désir de restreindre les rapports avec l’étranger. La classe commerçante était, autant que l’on peut savoir, peu développée, les Japonais de l’ouest, encore très rudes, n’avaient pas de produits qui fissent défaut en Corée ; avec ceux des provinces centrales plus civilisées, il n’y avait pas d’échanges réguliers ; les exigences des envoyés seigneuriaux chargés du trafic, la turbulence des insulaires causaient des ennuis sans fin. La Cour tâchait donc d’espacer les rapports avec ces voisins incommodes ; mais elle n’avait pas le courage d’adopter une ligne de conduite. Elle se plaignait au chôgoun de la négligence apportée par le seigneur de Tsousima à la répression des

  1. Ce dernier article est peu clair en chinois.