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autorités japonaises : en 1460, un Japonais de marque, appelé par Sin Syouk-tjyou Hpi-ko-ye-moun (peut-être Hikoémon) reçut du gouvernement coréen un sceau et le titre d’administrateur général des résidents japonais des Trois Ports. Hikoémon était de Tsousima. C’est aussi un homme de Tsousima, Sô Kouniyouki, que le seigneur envoie en 1471 inspecter les Trois Ports. La Cour de Seoul avait dès le début institué des fonctionnaires spéciaux, houn-to, c’est-à-dire instructeurs, à Tjyei-hpo et à Pou-san ; on trouve aussi mention du man-ho (fonction militaire) commandant les Trois Ports et un peu plus tard du tchyem-sà (fonction militaire) de Tjyei-hpo. Ces mandarins devaient surveiller les résidents japonais et recevoir les envoyés ; des mandarins interprètes et même, pour les envoyés du chôgoun, des mandarins plus élevés étaient délégués de Seoul pour recevoir les missions, les mener jusqu’à Seoul et les reconduire au port. À la Capitale, les envoyés japonais logeaient dans un hôtel spécial, le Tong-hpyeng-koan qui fut incendié en 1592 et qui a laissé son nom au lieu dit Yei-koan-kol. Dans les ports ils étaient hébergés dans l’hôtel officiel, kàik-koan, et y recevaient la visite des autorités, y prenaient part aux banquets qui leur étaient offerts. Les plans des Trois Ports joints à l’ouvrage de Sin Syouk-tjyou indiquent tous trois un oa-koan, hôtel des Japonais, situé à proximité du camp ; le oa-koan de Pou-san paraît être dans les environs du village coréen actuel ; celui de Yem-hpo est dans un terrain limité par une colline et par deux murailles fortifiées. De plus la section Défenses relatives aux Trois Ports, du même mémoire, rappelant les faits antérieurs à 1436, s’exprime ainsi : « Les gens de Tsousima avaient demandé à venir demeurer provisoirement dans les Trois Ports pour s’y livrer au commerce et à la pêche ; pour leur séjour et pour leurs relations [d’affaires], il y avait des endroits fixés qu’ils ne pouvaient dépasser ». Rien n’indique que ces mesures restrictives aient été supprimées en 1443 ; il semble probable que les oa-koan des plans de Sin Syouk-tjyou étaient les kàik-koan réservés aux envoyés et servaient de centre aux concessions japonaises ; cette opinion est confirmée par le Ye ti seung ram[1].

IV

Les rapports pacifiques que j’ai décrits ne restèrent pas longtemps sans nuages. Dès les premières années du XVIe siècle, les pirateries recommencèrent (1506, 1507, 1508) favorisées par l’anarchie du Japon ; plusieurs missions coréennes envoyées à Tsousima n’obtinrent pas satisfaction de la mauvaise volonté ou de la faiblesse du seigneur. Le commandant de Pou-san, Ri Ou-tjeung fit alors (1510) fouetter les Japonais de sa circonscription. L’acte semblera peut-être moins injuste si l’on songe à la cohésion connue des Asiatiques de même nationalité, de même province, et aux relations que les

  1. Tong kouk ye ti seung ram, Géographie complète de la Corée, composée par ordre royal par Ro Sà-sin et Sye Ke-tjyeng (1478), réédition augmentée par Ri Hàing (1530), 25 vol.  in-folio, Seoul, 1530. À propos de Tjyei-hpo, cet ouvrage dit : « Les Japonais de Tsousima avaient demandé à transporter leurs habitations devant le koan (lieu où l’on entretenait les envoyés japonais) sur le bord de la mer ; peu à peu ils s’y propagèrent et dépassèrent le nombre de cinq cents feux ». Voir aussi liv.  22, 23 et 32 (Oul-san, Tong-rài, Oung-tchyen).