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commerciaux japonais se montrèrent difficiles à propos des denrées qu’on leur remettait.

Les envoyés, ajoutent les Notes prises sur les affaires, ne se faisaient pas faute de commercer pour leur propre compte. Envoyé principal et envoyé en second, capitaines des jonques, fonctionnaires d’escorte, faisaient hommage au roi de « présents respectueux » et, sans règle établie, étaient dédommagés en proportion de la valeur. L’abondance de ces présents devint un tel embarras que le Ministère du Cens (1494) obtint du roi Syeng-tjong l’ordre de faire avertir les envoyés que ces présents de personnes privées n’étaient pas conformes aux rites ; on devait donc les refuser. Pendant quelques années, on entendit moins parler des Japonais ; mais en 1501 une mission du roi (chôgoun) reparut et avoua qu’il s’agissait d’échanges commerciaux.

À côté de ces personnages officiels, il y avait des marchands qui repartaient, leurs affaires terminées. L’existence de marchands japonais qui faisaient des affaires en Corée et aux Ryoukyou, qui étaient chargés occasionnellement de missions diplomatiques, qui s’enrichissaient, qui obtenaient des titres, est indiquée par Sin Syouk-tjyou dans quelques passages. Les règlements cités plus haut y font peut-être allusion. Pour une période qui n’est pas précisée, mais qui est antérieure à 1592 et probablement postérieure à 1501, l’Historique de Cour des Interprètes renferme quelques indications. Pour les marchandises privées des Japonais, on permit d’abord d’ouvrir un marché pour y faire affaire avec les marchands du pays ; jusqu’en 1592, le marché avait lieu trois fois par mois, les 3, 13 et 23 de la lune ; à partir de 1610, il y eut six marchés par mois, et encore des marchés spéciaux ouverts sur le désir des Japonais quand ils avaient abondance de denrées. Les transactions n’étaient pas libres : les marchands coréens qui avaient des produits à échanger, recevaient de la préfecture de Tong-rài une fiche individuelle, les autorisant à se rendre à la concession japonaise où les fonctionnaires coréens assistaient aux échanges, examinaient les produits coréens et japonais exposés et en tenaient registre pour faire payer les droits ; les marchands coréens entraient tous ensemble, se prosternaient devant les surveillants, procédaient au troc suivant l’ordre du tableau et se retiraient tous ensemble. Toute tentative de traiter à part était sévèrement punie. Ces règles sont celles du XVIIe siècle ; mais il ne semble pas qu’il y ait d’innovation sur ce point ; dès le XVe siècle, les relations entre particuliers coréens et japonais étaient surveillées. Ce fut au contraire une nouveauté, peut-être inspirée des exemples chinois, que d’instituer (1691), une corporation de trente marchands coréens ayant le privilège et la responsabilité du commerce japonais ; ces marchands firent vite de mauvaises affaires, disparurent, ne purent être remplacés : la corporation fut supprimée (1708).

Les faits relatifs au commerce privé sont si rares que j’ai préféré les réunir, même en m’éloignant du XVe et du XVIe siècle. À cette époque, les Japonais établis à demeure dans les Trois Ports étaient assez nombreux ; je n’ai trouvé relativement à eux presque d’autre renseignement que leur nombre ; étaient-ils pêcheurs ou marchands ? Il y avait sans doute des uns et des autres. Quels étaient leurs rapports habituels avec le peuple et avec les fonctionnaires coréens ? Je ne sais. Il semble qu’ils payaient des impôts au gouvernement coréen. Ils restaient dans une certaine mesure soumis aux