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vinces, c’est-à dire des chôgoun Asikaga, et des maisons Hatakéyama, Hosokawa, Yamana, Kyôgokou, Chôni. Des missions fréquentes proviennent aussi des seigneurs ecclésiastiques de Kyôto et des provinces. À partir de 1467, pendant quelques années, les jonques japonaises se multiplient en Corée ; c’est l’époque des troubles de O-nin[1], le Japon est ravagé par la guerre civile, la disette suit ; tous les seigneurs côtiers cherchent à tirer de la Corée quelque subsistance.

Les conventions qui ont été conservées, sont en effet toutes analogues ; tel seigneur obtient du gouvernement coréen l’autorisation d’envoyer tous les ans quelques jonques et d’exporter une quantité fixée de grain. La plupart des seigneurs ont droit à une, deux ou trois jonques et à dix, quinze ou vingt syem de riz et fèves ; les plus importants sont autorisés pour sept jonques. La convention de 1443 avec les Sô de Tsousima, renouvelée et précisée en 1467 et 1473, reste unique en son genre.

Des missions qui ont établi un trafic annuel, il faut distinguer celles qui, avec les documents dont nous disposons, semblent sans lendemain : un grand nombre sont venues au nom de tel seigneur apporter des présents, en ont reçu en retour et n’ont pas établi d’échanges réguliers. Ainsi, en 1470, Masatsika, seigneur d’Isé, fit un présent important de produits japonais et reçut 1 000 pièces d’étoffe de coton, 1 000 pièces d’étoffe de chanvre, 500 syem de riz. Dans ces occasions, le Japon envoie des produits naturels non spécifiés, une fois livres de cuivre[2] ; les envoyés des chôgoun portent en outre des éventails ornés de dessins, des paravents peints et dorés, des objets en laque, des sabres ciselés et enrichis d’or. La Corée donne en abondance des objets fabriqués, des livres boudhiques, volumes imprimés et planches d’impression, des instruments de musique et des lanternes, une clepsydre, des médicaments préparés, des nattes à dessins, des étoffes de tous genres (soie, ortie, chanvre, coton), des broderies, des sapèques (probablement pour être mises telles quelles en circulation) ; comme produits naturels, du miel, du poivre, du jen-chen, des graines de pin, des peaux de panthère.

Non content de ces relations commerciales, le gouvernement coréen était assez libéral pour prendre à son service des Japonais. Déjà la remise de sceaux officiels au seigneur de Tsousima et à un grand nombre d’autres seigneurs impliquait vraisemblablement, aux yeux de la Cour de Seoul, la reconnaissance d’une certaine dépendance de la part des récipiendaires ; et encore en 1581, le roi envoya un sceau de cuivre au daizen-daihou, Kyôgo-kou Harouhiro, qui lui avait fait parvenir des présents. Mais de façon plus précise, Sin Syouk-tjyou mentionne vingt-sept Japonais (sept du Boungo-Tsi-kougo, sept de Tsousima, quatre d’Iki) qui ont reçu un grade militaire plus ou moins élevé ; quelques-uns semblent avoir servi à Seoul même ; deux étaient dans une situation plus complexe, puisque, vassaux des Otomo[3] de Boungo, ils parurent en Corée comme représentants du roi des Ryoukyou et reçurent des charges coréennes.

  1. O long.
  2. 1 livre japonaise = 601 gr. (actuellement).
  3. O long.