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SUR LE PRÉTENDU MONOTHÉISME
DES ANCIENS CHINOIS[1]

I

Parmi les auteurs qui, depuis le XVIIe siècle, ont étudié la religion chinoise, un grand nombre y ont vu un monothéisme primitif défiguré par des adjonctions successives ; ces croyances, étrangères au culte primitif, auraient été principalement l’apport de races conquérantes ou conquises, différentes des premiers Chinois. C’est ainsi que de Harlez, pour ne prendre qu’un exemple (Les Religions de la Chine, aperçu historique et critique, 1 vol.  grand in-8, Leipzig, 1891), écrit (p. 86) : « Les premiers Chinois… croyaient à un Dieu personnel, souverain du ciel et des hommes, maître des empires, … providence veillant sur les bons… Ce Dieu qu’ils appelaient le Suprême Empereur, Shang ti, était bien pour eux le seul personnage divin… (pp. 92 et 93). L’avènement des Tcheous ne fut pas seulement un changement de dynastie,… ce fut le triomphe d’un peuple sur un autre… La prépondérance des Tcheous amena le développement de la croyance aux esprits, de leur culte et la matérialisation des conceptions religieuses. »

D’autre part, divers savants ont contesté l’exactitude de ces opinions. C’est ainsi que M. A. Réville (La Religion, chinoise, 2 vol.  in-8, Paris, 1889) écrit à la page 133 : « Il en

  1. Conférence faite au Musée Guimet, le 5 mars 1899.