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SUR LE PRÉTENDU MONOTHÉISME DES ANCIENS CHINOIS

au premier jour de la première lune, il reçut l’abdication devant l’Aïeul accompli ; il fut à la sphère ornée, à la règle de jade, et par là il ordonna les sept astres directeurs ; alors il sacrifia aux empereurs d’en haut, il sacrifia aux six vénérables, il sacrifia de loin aux montagnes et aux fleuves, il sacrifia à la ronde à tous les esprits.

L’Aïeul accompli, peut-être les Aïeux accomplis, seraient les ancêtres de l’empereur Yao qui cédait son trône à Choẹn. Quoi qu’il en soit, le culte de cet Aïeul accompli resta important pour Choẹn, puisque, après la mort de Yao, c’est encore devant le même personnage qu’il assemble les chefs de l’empire ; et cependant, même en admettant les généalogies qui sont ignorées du Chou king et que Seu-ma Tshien rapporte sans y croire fermement, Choen n’était qu’un collatéral éloigné de Yao. Lorsque Choẹn, aussitôt après son association au trône, offre des sacrifices à toutes les puissances mystérieuses, supérieures et inférieures, il n’est pas fait mention de l’Aïeul accompli : est-ce un oubli ? ne serait-ce pas plutôt que ce personnage, à litre d’ancêtre impérial, était compté parmi les empereurs d’en haut ? Les arguments que je viens d’exposer n’ont pas tous la même valeur ; peut-être aucun ne permet-il ni d’affirmer sans réserve la multiplicité des empereurs d’en haut, ni de ranger parmi eux avec certitude tel ou tel des anciens chefs terrestres. Du moins rien ne permet de déclarer que chang ti est un être unique, l’équivalent du Dieu chrétien ; bien, au contraire, toutes les probabilités sont contre cette opinion.

V

Il me reste, pour justifier l’emploi que j’ai fait du mot empereur comme équivalent du mot ti, à jeter un coup d’œil sur les titres attribués aux antiques souverains chinois.

Ti n’est devenu le titre officiel des monarques chinois qu’en 221 a. C. (Mém. hist., vol. II, p. 127). Les souverains