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REVUE DE L’HISTOIRE DES RELIGIONS

Encore ici beaucoup d’interprètes mettent : jadis le Très-Haut a ordonné, etc. Si l’empereur qui est désigné est l’empereur Choen, comme il résulte des textes cités, l’idée ne semble pas moins naturelle et le rôle attribué à kou, antique, au lieu de jadis, n’est pas moins grammatical.

Le chapitre Liu hing (Chin, class., vol. III, p. 592) rappelle les mesures prises par l’empereur Choen, désigné par l’expression hoang ti, l’empereur auguste, contre les San-miao ; le texte du Choẹn tien (Chin. class., vol. II, p. 50) et celui du Chi ki (Mém. hist., vol. I, pp. 68, 88) ne laissent subsister aucun doute à cet égard. La phrase qui précède immédiatement et introduit cet exposé, est la suivante :

fang kao oou kou yu chang, chang ti kien min, oang yeou hing hiang te, hing fa oen oei sing.

alors [le peuple] proclama son innocence vers le haut, l’empereur d’en haut inspecta le peuple, il n’y avait pas de vertu bien odorante, les châtiments émettant faisaient sentir seulement une odeur fétide.

Ici divers sinologues traduisent le premier caractère chang par les dieux, le ciel, et chang ti est pour eux le Très-Haut. Mais chang, en haut, peut très facilement désigner la capitale, la résidence impériale ; chang tì sera alors le même Choçn dont il est question dans la phrase suivante sous le nom de hoang ti. La suite des idées n’en sera que plus logique : les plaintes du peuple arrivent jusqu’à l’empereur, celui-ci inspecte, puis il châtie les coupables. Les chefs de la nation chinoise désignés par les mols ti, hoang ti, peuvent aussi bien être appelés chang ti, puisque chang, hoang chang sont aussi des noms de l’empereur ; le souverain ad’une façon générale les mêmes qualificatifs que le ciel et nous avons vu plus haut que le mot thien est parfois remplacé par chang.

Je veux enfin noter un passage du Choen tien.

tcheng yue chang ji cheou tchong yu oen tsou ; tsai siuen ki yu heng, yi tshi tshi tcheng ; seu lei yu chang ti, yin yu lou tsong, oang yu chan tchhoan, pien yu khiun chen (Chin. class., vol. III, pp. 32-34).