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SUR LE PRÉTENDU MONOTHÉISME DES ANCIENS CHINOIS

IV

Cet être qui est à la tête de la société céleste, ce ti ou chang ti (on a vu que les deux expressions sont équivalentes) est-il unique ou multiple ? puisque je ne lui ai encore trouvé aucun attribut distinctif, a-t-il du moins cette caractéristique de l’unité essentielle au monothéisme ? J’ai, dans les traductions données plus haut, réservé la question. Peut-être n’est-il pas possible d’y répondre d’une façon absolue. L’on sait que la langue chinoise ne distingue pas le singulier du pluriel par la forme du mot ; le substantif invariable indique aussi bien l’un que l’autre nombre, ou plutôt marque indétermination du nombre, le singulier comme le pluriel devant être précisés par des mols auxiliaires. Or, dans aucun des passages que j’ai cités, dans aucun de ceux que j’ai examinés, mais que j’ai dû m’abstenir de reproduire, il n’y a trace de précision dans un sens ni dans l’autre. Puisque les textes laissent le mot ti, empereur, dans une pareille indétermination, il parait bien hardi, bien peu scientifique, de traduire ce mot par Dieu, ou par toute expression équivalente, de poser ainsi en principe le monothéisme primitif des Chinois, alors que l’unité divine est une idée si particulière, étrangère à tant de religions et de civilisations. Mais je. veux aller plus loin et examiner si quelques textes, sans faire une réponse certaine à la question débattue, ne donnent pas quelque probabilité à la multiplicité des ti et ne permettent pas de voir en eux des personnages originairement humains.

On peut remarquer, par exemple, que, dans un passage cité,

khiun kong sien tcheng, tse pou oo oen ; hao thien chang ti, ning pi oo toen (Ta ya, Chin. class., vol. IV, p. 532).

tous les princes, les chefs précédents, alors ils ne nous écoutent pas ; les empereurs du ciel auguste, mieux vaudrait qu’ils me laissassent abdiquer.