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REVUE DE L’HISTOIRE DES RELIGIONS

tien, Chin. class., vol.  III, pp. 33, 34 et sqq.). Mais la plupart des religions monothéistes admettent, avec un dieu suprême, des puissances inférieures qui sont à l’égard du premier dans une dépendance plus ou moins définie ; c’est un monothéisme de ce genre que l’on a pensé trouver chez les anciens Chinois. On a attribué le rôle de dieu unique à l’être supérieur que les textes nomment thien, ti ou chang ti. De nombreux missionnaires chrétiens ont employé ces expressions pour traduire en chinois le mot Dieu ; la plupart des sinologues, trouvant ces termes dans les textes chinois, les ont rendus par Dieu, le Ciel, Altissimus, the Supreme Ruler ; mais cette double série d’interprétations suppose résolue la question même du monothéisme qui fait l’objet du débat. Je vais donc, à nouveau, rechercher dans quelques textes chinois la valeur précise des mots thien, ti et chang ti et m’efforcer de l’éclairer par quelques rapprochements ; je ne me servirai d’ailleurs que des textes anciens indiqués plus haut, attendu que les commentateurs même de ces textes, tous postérieurs aux Tshin, peuvent être légitimement soupçonnés d’introduire les idées de leur temps dans les monuments littéraires qu’ils expliquent.

II

Le sens premier de thien, c’est le ciel, la voûte céleste qui recouvre la terre, où l’on observe les mouvements réguliers des astres et qui semble produire les saisons, les phénomènes météorologiques.

nai ming hi ho, khin jo hao thien, li siang ji yue sing tchhen (Yao tien, Chin. class., vol.  III, p. 18).
alors il ordonna [aux familles] Hi et Ho de respectueusement se conformer à l’auguste ciel, de calculant représenter le soleil, la lune, les étoiles, les astres.

Dans les expressions suivantes qui sont très fréquentes sous cette forme ou sous une forme analogue, le ciel est le