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à ne pas s’arrêter ; ce seul point déjà est important pour qui, ayant vu la Corée tout asiatique de 1890, voit le Tai-Han d’aujourd’hui à l’Exposition universelle.

Ce ne sont donc pas des machines perfectionnées, des produits industriels modernes qu’il faut aller chercher au pavillon coréen ; le développement économique du pays n’en est pas encore là. La Corée est avant tout agricole, elle a de riches et vastes forêts très giboyeuses, elle possède des chevaux, une superbe race de bœufs, ses côtes abondent en poissons, en algues comestibles ; elle produit du charbon, de l’or. De tout cela, le visiteur peut prendre une vue rapide, grâce aux échantillons rangés et étiquetés dans des bocaux ; ces produits éminemment utiles seront abondants, dépasseront les besoins de la population, le jour où une administration régulière et juste n’entravera plus le travail de l’homme du peuple et où des routes et des chemins de fer permettront le transport des marchandises autrement qu’à dos d’homme ou de bête de somme. L’avenir économique s’ouvre donc assez riant pour la Corée, pourvu qu’elle sache réformer ses abus, prendre de la civilisation occidentale ce qui peut lui servir, les moyens de production et de communication rapides et peu coûteux, une justice plus égale, un système financier plus sévère et plus précis, pourvu aussi qu’elle laisse aux étrangers la folie des armements auxquels ses ressources un peu étroites ne sauraient suffire, et qu’elle prenne plutôt modèle, si faire se peut, sur la Belgique ou sur la Suisse que sur les grandes puissances.



II


Ce que l’on trouve au pavillon coréen, c’est un résumé de la civilisation du pays, et c’est là-dessus qu’il faut s’arrêter un instant. Voici des soieries diverses, de légères comme des gazes, d’autres épaisses unies ou brochées ; beaucoup sont de teintes vives et heurtées, quelques-unes d’une harmonie très douce ; on sait quel travail patient et délicat il faut pour préparer la soie, la teindre, la tisser ; l’existence de la soie dans un pays, c’est une promesse pour l’avenir, c’est aussi le signe d’une civilisation déjà singulièrement raffinée et délicate ; les Coréens utilisent la soie de diverses espèces de chenilles, cette industrie leur est venue de la Chine, et ils y étaient déjà maîtres dans les premiers siècles de l’ère chrétienne. La métallurgie en cuivre est très avancée ; la vaisselle des riches Coréens est tout entière en un laiton d’une couleur et d’une sonorité parfaites ; les bols à couvercle, les coupes, les vasques, de tailles et de formes diverses, sont d’un galbe très simple et très pur, d’une régularité géométrique. D’autre part, à Hpyeng-yang, on a longtemps ouvragé le fer pour en orner des coffres avec une délicatesse qui rappelle le travail de certaines gardes de sabre japonaises ; un joli spécimen de ces meubles de Hpyeng-yang est placé à droite de la salle. Les incrustations d’or et d’argent surfer sont d’un art souvent gracieux,