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palais, les chapelles du culte des anciens souverains. Un soubassement rectangulaire en pierre avec balustrades et degrés d’accès ; au centre, ménageant un large promenoir tout autour, le bâtiment rectangulaire ; un toit en tuiles grises alternativement convexes et concaves, qui assurent l’écoulement de l’eau, et dont les jours et les ombres rompent la teinte uniforme ; le toit est élevé, fort incliné, l’arête faîtière horizontale ; les quatre arêtes d’angle descendant en courbe gracieuse, parfois avec une cassure au tiers de la longueur, sont relevées par des figurines fantastiques en terre cuite ; ce toit, un peu lourd, est porté sur des colonnes cylindriques d’un rouge vif, l’affleurement des poutres de la charpente est sculpté, peint de blanc, noir, bleu, vert, de toutes couleurs voyantes qui, je ne sais comment, et surtout sous la splendide lumière de Corée, s’harmonisent et soutiennent, enlèvent ce toit un peu massif, lui donnant une légèreté qui étonne quand on y regarde de près. C’est là toute la construction, car les murs, quand il y en a, ne sont que du remplissage, et toujours, sur les deux façades antérieure et postérieure, sont remplacés par de hautes portes en bois plein dans le bas, en une sorte de moucharabiyeh à un mètre et demi du sol. À l’intérieur, la construction s’accuse avec autant de simplicité : le sol dallé ou tapissé de papier huilé, les colonnes rouges et les moucharabiyeh du pourtour, le plafond à caissons peints et sculptés : on peut voir la photographie d’un beau plafond de ce genre dans cette publication. Ce style architectural est chinois d’origine et, comme les Coréens, les Japonais l’ont imité ; mais, si les deux empires de l’ouest et de l’est ont construit des bâtiments plus vastes, plus somptueux, si le Japon surtout, avec son étonnant génie artistique, a multiplié les variantes, a diversifié les profils, a su être, suivant les âges et les lieux, simple, riche, orné, la Corée a conservé à ce style une austérité, un bon goût qui ne sont pas sans grâce. D’ailleurs, l’architecture coréenne connaît aussi la variété, et toujours, tant elle profite habilement du pittoresque naturel, on croirait le monument destiné à rehausser le paysage, le paysage fait exprès pour mettre en valeur le monument : témoin cette massive porte du Palais flanquée de deux animaux fantastiques et se profilant sur la base boisée du Paik-ak, témoin ces forteresses en pierre brute juchées sur le haut des montagnes et dont les murs se perdent entre les torrents et les grands arbres, et la gracieuse ville de Syou-ouen, reconstruite il y a un peu plus d’un siècle par un roi qui s’y voulait retirer après son abdication et que la mort a surpris avant qu’il eût terminé son œuvre ; témoin encore les bonzeries, comme celle de Ryong-tjyou, isolée au milieu d’une forêt de pins, de rhododendrons et de pêchers, et les tombes avec leurs tumuli à balustrades de pierre, leurs statues parfois gigantesques, leurs salles des sacrifices, tout cela au milieu des arbres, sur un gazon verdoyant, avec des points de vue ménagés sur la mer semée d’îles, sur les courbes des fleuves ; témoin enfin cette gracieuse porte de Chine, yeng eun moun, la porte où l’on va recevoir le bienfait impérial, signe de vassalité, a-t-on dit, et comme telle, abattue par un