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le théâtre en chine

les élèves font des cadeaux à leur ancien maître et subviennent à ses frais funéraires.

Outre les dépenses de personnel et de matériel, le régisseur supporte naturellement les frais de déplacement : lorsque sa troupe est appelée chez un amateur ou dans un village pour une série de représentations, ces frais sont aussitôt remboursés ; mais, en dehors de tout engagement préalable, les troupes chinoises sont essentiellement nomades et vaguent de bourgade en bourgade pour chercher leur vie, emportant leurs costumes et accessoires, emmenant deux ou trois musiciens et cheminant, — au nord, dans les dures charrettes à deux roues et sans ressort qui sont les véhicules du pays, — au sud, sur des jonques plus ou moins bien aménagées.

À Canton, les différentes troupes ont formé une association de manière à laisser en ville, lorsqu’elles s’absentent, un représentant qui traite leurs affaires ; mais je n’ai pas entendu dire qu’autre part les acteurs soient parvenus à un pareil degré d’organisation.

Quelques-unes des troupes les plus importantes se transportent de Péking à Changhaï ou dans les grandes villes de province, suivant l’occasion des engagements ; mais celles même qui résident habituellement à Péking, celles de la Triple Prospérité, de la Terrasse du Printemps et les autres que cite le guide des provinciaux, ne jouent jamais plus de trois ou quatre jours de suite sur la même scène : une série de représentations achevée, une nouvelle troupe vient dans le même local donner quelques pièces de son répertoire, et la première passe dans une autre salle avec tout son personnel et son matériel. Il s’établit ainsi un roulement des diverses troupes, qui reviennent dans une salle deux ou trois fois par mois, à des quantièmes fixes, si bien que tel amateur pékinois, qui fréquente un seul théâtre, voit défiler sous ses yeux tous les acteurs de la capitale et toutes les pièces du moment Pour ces séries de représentations, les régisseurs traitent avec l’entrepreneur de spectacles qui est locataire de la salle et perçoit la recette, et ils reçoivent de lui soit une somme fixée à forfait, soit trente à quarante pour cent de la recette.

La vie nomade démoralise l’acteur ; il semble que le Chinois, arraché du sol où il a crû, soit incapable par lui-même