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LA SIBÉRIE COLONIE RUSSE
JUSQU’À LA CONSTRUCTION DU TRANSSIBÉRIEN.

AVANT-PROPOS.

La Sibérie est en Asie la plus vieille colonie européenne, si l’on excepte les débris de l’empire portugais. Manifestement, la découverte, l’occupation, l’exploitation des terres de l’est ont été pour les Russes une œuvre coloniale ; le domaine qu’ils y ont fondé a, pour le régime intérieur, le caractère d’une possession et d’une colonie ; il joue à l’égard des États indépendants voisins un rôle semblable à celui des établissements que les peuples maritimes ont fondés en Extrême-Orient. Toutefois ces derniers établissements, séparés des métropoles par la longue traversée, par le climat et les meurs, offrent un aspect nettement distinct, si bien que l’on a accoutumé d’omettre la Sibérie quand on parle de la colonisation européenne. Oubli injustifié : car, si cette colonie ancienne, adjacente à la mère patrie, s’est fondue avec elle en trois siècles de vie commune, elle en diffère cependant et avant tout par la formation historique ; cette première divergence en a produit d’autres, par exemple dans les conditions sociales.

Par la Sibérie, la Russie est entrée en contact avec le Turkestan et avec la Mantchourie, deux pays qui furent la proie habituelle de leurs voisins, le plus souvent carrefours, rarement sources de ces invasions dont le flot a balayé jusqu’à l’Europe ; maîtresse de la Sibérie, la Russie a fini au xixe siècle par acquérir le Turkestan et le nord de la Mantchourie, pesant ainsi sur la Chine, la Mongolie et la Corée, semblant menacer l’Inde, devenant une rivale pour l’Angleterre et pour le Japon. L’immigration russe accrue et canalisée depuis les dernières années du XIX siècle, la construction du transsibérien, condition d’une colo-