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MAURICE COURANT.

siècle et le hiragana, [texte chinois]平假名, paraît avoir été employé pour la première fois en 905[1]. D’ailleurs, les syllabes ont été en usage surtout comme auxiliaires des caractères idéographiques.

En Corée, c’est en 692 que Syel Tchong, [texte chinois]薛聰, precédant les Japonais, eut l’idée de se servir phonétiquement de caractères chinois pour exprimer les particules et terminaisons de la langue coréenne ; les caractères qu’il choisit pour cet usage, sont encore employés de la même façon dans certaines pièces judiciaires ; on les a aussi simplifiés, en tirant des signes analogues aux katakana, mais sans arriver au syllabisme régulier ; les caractères de Syel Tchong sont nommés ri tok, [texte chinois]吏讀 (prononciation ni do) ou ri moun, [texte chinois]更文 (pron. ni moun). Quant aux caractères vulgaires, dits en moun, [texte chinois]諺文, ils ont été inventés au XVe siècle par le roi Syei tjong, [texte chinois]世宗, et constituent un des alphabets les plus simples qui existent : il est très rare qu’on les mélange avec des signes chinois.

En même temps que les livres de leur religion, les bonzes avaient apporté les livres classiques du confucianisme avec des livres historiques. Les rois de Sin ra, comme les mikados, discernèrent vite ce que les idées chinoises avaient de favorable à leur pouvoir : jusque là, il n’existait qu’une confédération de tribus, le chef suprême n’était que le premier des chefs de clan, le premier des nobles ; or les livres chinois montraient ce qu’est un État avec un prince et des sujets. C’est Syau toku tai si, l’élève des bonzes, qui enseigna ces idées aux Japonais, posa la suprématie absolue du prince, contesta les droits des vieux possesseurs du sol : il formula ces principes dans ses 17 articles de 604, [texte chinois]憲法十七條. Les réformes se firent à partir de la période Tai kuwa, [texte chinois]大化 (645-649). L’Empereur organisa ses états en districts, y établit l’impôt, y

  1. Cf. Prof. Dr. R. Lange, Einführung in die japanische Schrift ; Berlin, 1896. In 8.