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MAURICE COURANT.

étaient les plus nombreux, se subdivisaient en ramifications qui conservaient toujours entre elles des relations étroites, et par là gagnaient en influence, en même temps qu’en nombre. Le patriarche de la plus importante des tribus avait acquis et possédait dès lors trois privilèges : un privilège sacerdotal, puisqu’il représentait toutes les tribus en face des dieux communs, dont le principal était Ama terasu oho kami, 天照大神, ancêtre de la tribu dominante et dès lors acceptée comme divinité nationale ; un privilège diplomatique et militaire, puisqu’il recevait les envoyés des pays étrangers et prenait le commandement des expéditions à l’extérieur ; un privilège judiciaire, puisqu’il décidait dans les querelles entre udi, choisissait le patriarche lorsque la ligne directe venait à manquer, supprimait au besoin une tribu pour crime contre l’intérêt de la confédération. C’est de ce triple privilège qu’est sortie peu à peu la prérogative impériale (Cf. Dr. C. A. Florenz, die staatliche und gesellschaftliche Organisation im alten Japan, dans les Mittheilungen der Deutschen Gesellschaft fur Natur- und Völkerkunde Ostasiens in Tokio, vol.  V, pp.  164—182. — B. H. Chamberlain, a Translation of the « Ko ji ki », Introduction ; formant un supplément au vol. X des Transactions of the Asiatic Society of Japan).

On saisit immédiatement les ressemblances entre la confédération des udi japonais et celles du Ka ya et du Sin ra : de part et d’autre, ces unions de tribus se sont étendues par des alliances, ou par des guerres soit contre des peuples de race différente, soit contre des tribus de même race ; les chefs de clan, d’abord indépendants, ont constitué, sous la suprématie toujours grandissante de l’un d’entre eux, une féodalité patriarcale, dont le rôle a été diminuant et qui a fini en un corps de fonctionnaires suivant la conception chinoise. D’ailleurs les points de rapprochement entre les Japonais et les Sin sont nombreux : le principe d’exogamie, si strict en Chine, ne se trouve d’abord ni en Corée ni au Japon ; les filles de race royale du Sin ra