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LA CORÉE ET LES PUISSANCES ÉTRANGÈRES.

Roi, la Chine et le Japon envoyèrent des troupes ; puis le 28 juin, M. Otori, ministre japonais, présenta un mémoire exposant tout un plan de réformes auquel le Roi et le gouvernement ne se hâtèrent pas d’acquiescer. Dans la déclaration de guerre lancée le 2 août, le Japon accusait la Chine de s’être immiscée dans l’administration de la Corée et d’avoir délibérément violé l’indépendance du pays : l’immixtion du Japon n’était pas moins flagrante. Dès le 23 juillet, les Japonais attaquèrent le Palais, retinrent prisonniers le Roi et la famille royale, déposèrent le souverain (qu’ils remirent bientôt sur le trône) et donnèrent la régence au Tai-ouen koun qui refusa le titre de Roi ; le 27, le gouvernement coréen déclarait la guerre à la Chine et chargeait les Japonais de chasser les Chinois de Corée. Le 25 sans déclaration d’hostilité, le Naniwa-kan, navire japonais, avait coulé le Kow-shing, bateau anglais, qui transportait à Tché-moulpo des troupes chinoises.

Les Japonais se trouvant maîtres à Séoul, les réformes, pendant plusieurs mois, se succédèrent rapidement, à l’imitation de celles qui avaient été accomplies au Japon lors de la Restauration. Réorganisation de la justice et des finances dont la direction est retirée aux préfets, exhortations et mesures contre les malversations et les « squeezes » des mandarins c’était en effet attaquer des maux urgents ; mais si l’exécution d’un pareil plan touchant aux intérêts des ryang-pan et des castes privilégiées, demandait autant de discrétion que de fermeté, il était puéril de créer sans préparation une assemblée délibérative, il était fou de bouleverser en même temps les formes sociales et familiales. La noblesse fut supprimée, l’égalité déclarée entre les mandarins civils et militaires ; les mandarins sans charge furent autorisés à faire le commerce ; les lois sur le mariage et l’adoption furent renversées ; les Coréens eurent ordre de se vêtir de couleurs foncées, de raccourcir leurs manches, de rogner leurs pipes, de couper leurs cheveux. En même temps les conspirateurs de 1884 étaient graciés ; il est vrai que dès le milieu de 1895, le principal d’entre eux, Pak Yeng-hyo (Bokou Éi-kô) était accusé de conspiration et arrêté.

Le ministre du Japon était fréquemment reçu en audience, assistait au conseil, inspirait tout le gouvernement. Après M. Otori, le comte Inoouhé, qui plus d’une fois avait eu à s’occuper des affaires coréennes, représenta le Mikado à Séoul (20 octobre 1894) ; ce politique de grande valeur, l’un des hommes de la Restauration, s’efforça d’introduire des réformes effectives dans l’administration et