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ANNALES DES SCIENCES POLITIQUES.

1597 et les guerres mantchoues de 1627 et de 1637, s’était tenue strictement renfermée. Les Japonais n’étaient pas autorisés à dépasser Pou-san ; dans cette ville, ils ne devaient pas sortir de leur factorerie ; le seigneur de Tsousima ne pouvait envoyer chaque année qu’un nombre fixe de jonques. Les ambassadeurs chinois, apportant l’investiture ou les condoléances impériales, étaient gardés depuis Eui-tjyou, pendant tout leur voyage et pendant leur séjour à Seoul ; ils n’avaient communication qu’avec des fonctionnaires désignés. Sur la frontière du nord, une zone déserte était réservée depuis l’Amnok (Ya-lou) sur une centaine de ri (douze lieues) ; dans trois villes seulement, Eui-tjyou, Hoi-nyeng et Kyeng-ouen, des foires étaient ouvertes tous les ans ou tous les deux ans ; les transactions duraient quelques heures et étaient surveillées par les mandarins, Seuls pouvaient sortir du royaume, à titre provisoire, ceux qui, en une qualité quelconque, faisaient partie de l’ambassade annuelle envoyée à Péking, des missions occasionnelles qui se rendaient à Tsousima ou à Édo ; les membres de ces missions faisaient quelque trafic ; quelques-uns de ceux qui visitèrent Péking, reçurent, soit des Chinois, soit des Jésuites, des notions sur les sciences européennes et sur la religion chrétienne. À cela se bornaient les communications de la Corée avec le monde extérieur.

Dans cet isolement le gouvernement voyait sa sauvegarde et il méprisait la Chine et le Japon de leur complaisance pour les barbares. Ceux-ci avaient tenté de pénétrer dans la péninsule ; les évêques et les missionnaires français avaient été mis à mort (1839, 1866) ; les bateaux étrangers avaient été éconduits ou repoussés, ainsi avait été massacré l’équipage du General Sherman (août 1866). L’échec des Français (octobre 1866), des Américains (juillet 1871) gonfla les mandarins coréens d’orgueil, leur fit dédaigner les avis donnés par le Tsong-li yamen en 1866, 1868, 1871, 1874.

D’abord le gouvernement de Tôkyô avait patienté, la longanimité d’Iwakoura et d’Okoubo avait amené la grande crise ministérielle de septembre 1873. Mais en 1875, le pays était calme, l’état des finances satisfaisant ; les questions diplomatiques pendantes avec la Chine, la Russie, la France et l’Angleterre étaient réglées. Le 13 décembre, le gouvernement impérial prit sa résolution. Kouroda Kiyotaka et Inoouhé Kahorou partirent pour Séoul comme ambassadeurs ; ils étaient soutenus par un corps de troupes. Après quelque contestation, la Cour de Séoul céda ; un traité d’amitié et de commerce en 12 articles fut signé à Kang-hoa (26 février 1876).