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ANNALES DES SCIENCES POLITIQUES.

compagnie a le droit de réclamer près de chaque station une concession territoriale. Bien plus, au début de l’an dernier, le Japon réclamait des terrains de culture pour des colons. En même temps, il a constamment exercé une action négative consistant à mettre des entraves à toutes les entreprises étrangères ; cette politique est assurée de succès avec les Coréens indolents et versatiles.

La Russie a plus qu’aucune autre puissance excité les criailleries de la presse japonaise, et aussi de la presse anglaise, par ses moindres démarches, prêts au gouvernement coréen, location de stations de pêche, engagement demandé de ne céder à aucune puissance l’île de Ke-tjyei (Kargodo, en avant de Ma-san-hpo), établissement d’un consulat à Ma-san-hpo. Au printemps dernier, forte d’une clause du protocole Lobanov-Yamagata, elle a commencé à poser un fil télégraphique du Touman vers Kyeng-syeng : conseillé par les Japonais le gouvernement coréen a fait arracher les poteaux. Des difficultés se sont ensuite élevées à propos de l’exploitation des forêts de l’Amnok (Ya-lou) dont la Russie est concessionnaire par un arrangement de 1896. Dans les bâtiments élevés pour le service de l’exploitation à Ryong-am-hpo et dans les agents de ce service, la presse a voulu voir une garnison et des forts ; l’inexactitude de ces assertions a été reconnue même par les Japonais. Ryong-am-hpo, situé en aval de Eui-tjyou, est d’ailleurs un point important comme débouché de la vallée de l’Amnok et terminus futur de la voie ferrée Séoul Eui-tjyou ; mais il perdra sa condition unique par l’ouverture de Ngan-tong situé sur la rive mantchoue, une dizaine de milles en amont (traité américain-chinois de 1903). Depuis l’été dernier, les négociations se poursuivaient entre le Japon et la Russie, relativement à Ryong-am-hpo, à la Corée tout entière, à la Mantchourie.

iii

En dehors de ces principaux intéressés, d’autres puissances seront-elles appelées à prendre parti dans la question coréenne ?

Dans les États-Unis, la Corée, comme la Chine, a placé une grande confiance, parce qu’elle ne leur attribue pas d’ambition territoriale. Elle a donc accueilli les missionnaires américains, très nombreux, qui ont trouvé au Palais un appui pécuniaire et moral pour leurs écoles et hôpitaux. Après la convention de 1885, c’est aux États-Unis que le roi de Corée a demandé des instructeurs