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LA CORÉE ET LES PUISSANCES ÉTRANGÈRES.

prendre les Coréens mêmes ; elle fut toutefois moins complète qu’il ne paraissait. La convention Nisi-Rosen, signée à Tôkyô le 15 mai 1898 et qui complétait les conventions Komoura-Waeber (14 mai 1896) et Lobanov-Yamagata (9 juin 1896), acheva de définir les rapports en Corée des deux puissances signataires. L’indépendance de la Corée est confirmée et les deux puissances contractantes promettent d’engager le souverain à organiser une force armée pour la défense de son pays. En attendant le complet rétablissement de l’ordre, le Japon est autorisé à conserver 400 hommes à Séoul, 200 à Pou-san, 200 à Ouen-san, 200 le long de la ligne télégraphique Séoul-Pou-san ; la Russie a le droit de protéger sa légation et ses consulats par un nombre d’hommes égal à celui des soldats japonais. Les deux puissances doivent s’avertir mutuellement au cas où elles prêteraient à la Corée des instructeurs militaires ou des conseillers. Le Japon sera libre de développer ses entreprises économiques ; si la Corée voulait contracter des emprunts à l’étranger, les deux puissances s’entendraient pour les lui faciliter ; enfin la Russie a le droit d’établir une ligne télégraphique entre Séoul et la frontière russe.

Ainsi était constitué pratiquement un condominium des deux puissances sur l’empire indépendant de Corée : situation analogue pour le Japon à celle de 1885, mais avec un adversaire singulièrement plus redoutable. Cette fois le Japon employa plus utilement le temps. Des consulats soutenus par des forces de police furent établis dans les ports ouverts[1] ; près de chaque consulat fut installé un bureau de poste, bien que la Corée eût adhéré à l’Union postale. Une quinzaine d’écoles furent fondées pour l’étude du japonais et des sciences occidentales. Trois banques japonaises étendirent leurs affaires en Corée, aidèrent à la frappe de monnaie d’argent coréenne, promirent leur appui à une banque nationale coréenne qui a été au moins projetée ; la circulation des billets japonais en Corée fut imposée au gouvernement malgré les protestations de corporations coréennes importantes. La voie ferrée Séoul-Tchémoulpo, ouverte en septembre 1899, fut rachetée à la société américaine qui l’avait construite. La voie Séoul Pou-san fut entreprise avec des capitaux fournis en partie par la Maison de l’Empereur et par les plus grands capitalistes du Japon ; cette ligne sera ouverte l’an prochain et la

  1. Les ports ouverts sont Pou-san (ouvert en 1877), Ouen-san (1880), Tché-moulpo (1883), Kyeng-heung (1888), Tjeung-nam-hpo et Mok-hpo (1897), Hpyeng-yang, Koun-san, Ma-san-hpo, Syeng-tjin (1899). Séoul est aussi ouvert au commerce étranger (1882).