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mêmes du sud au nord, mais avec une infinité de divergences de détail. Par là sont accrues les chances d’erreur, les difficultés d’appréciation. Une enquête méthodique relative à la Chine et à ses habitants n’a jusqu’ici été faite que sur un petit nombre de points ; faudrait-il donc attendre la fin d’une telle enquête pour essayer de comprendre cette civilisation et de lui assigner une place parmi les civilisations humaines ? Nous ne le pouvons pas, puisque nous sommes en relations avec la Chine ; il faut connaître et juger, puisqu’il faut agir.

Nous devrons donc grouper les faits connus, tâcher de les ramener à des formules simples qui nous induiront peut-être à de nouvelles constatations : nous devrons aussi être prêts à mettre de côté nos théories, chaque fois qu’elles se heurteront à une réalité, ne pas oublier qu’une société n’est pas construite comme un théorème de géométrie, qu’elle est formée d’êtres sensitifs, incessamment variables : en même temps, nous ne perdrons jamais de vue que nous faisons une œuvre provisoire, commandée par les circonstances, heureux si la future science des sociétés y peut trouver quelques matériaux à utiliser.

Écully, mai 1901.