Page:Courant - En Chine, mœurs et institutions, hommes et faits, 1901.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
EN CHINE

sont bien plus étroits entre un commis et son patron qu’entre les employés de deux maisons différentes. Toutefois le besoin d’égalité réelle entre gens de même classe et de même rang, le droit que chacun s’arroge de surveiller ce qui se passe chez le voisin, expression d’un profond sentiment de solidarité, empêchent dans une même ville les inégalités flagrantes de traitement et de salaire, sauf celles qui sont sanctionnées par un usage établi.

La stabilité de la classe marchande maintenue par son unité de formation et par le sentiment hiérarchique qui y domine, la longue durée des circonstances économiques et des conditions sociales, qui n’ont pas changé sensiblement depuis le xvie siècle jusqu’au milieu du xixe, ont permis à un grand nombre de maisons d’atteindre une longévité remarquable. On en cite, à Péking, qui ont survécu au bouleversement, passager d’ailleurs, qui a accompagné la chute des Ming et l’avènement de la dynastie mantchoue (1644) : de ce nombre est le Lou-pi-kiu, situé dans la ville chinoise, à l’est et à peu de distance de Tshien men[1], et dont l’enseigne est due à un calligraphe célèbre du xvie siècle ; celle maison est encore renommée pour les vins de riz et les friandises qu’elle importe du sud. Un beaucoup plus grand nombre datent du xviie du xviiie siècle : ainsi les magasins de thé de la famille Fang, du Ngan-hoei ; le Oen-meitchai faisant commerce d’horlogerie, très florissant avant l’ouverture des ports et qui appartient toujours à la famille chrétienne Yang ; ainsi le Phi-tsan-kong, magasin de pilules de la famille Phi, qui existe depuis plus de deux cents ans, le Nei-hing-long de la famille Sou, où tous les grands

  1. Principale porte faisant communiquer la ville tartare et la ville chinoise.