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Chinois qui pensent, ne voient en nous que des adorateurs de l’or, gens sans foi ni loi, dépourvus de tout principe élevé, tandis que leurs politiques ont pu espérer venir à bout de nous par nos divisions. Si le nombre des hommes qui connaissent la Chine avait été plus grand, peut-être ces écueils auraient-ils été évités, quelques-uns du moins ; peut-être les troubles, prévus par les missionnaires seuls, n’auraient-ils pas trop longtemps échappé à la vue des autres, et peut-être y aurait-on obvié d’avance. C’est donc à répandre la connaissance des Chinois que doivent tendre les efforts.

Pour connaître un peuple étranger avec qui l’on doit entretenir des rapports suivis, il ne suffit pas d’être au fait théoriquement de sa vie quotidienne, des idées qui forment la trame de son esprit, il faut savoir sa langue, puisque c’est la langue qui nous permet de pénétrer ces formes de pensée différentes des nôtres, qui fait saisir sur le vif les mille détails de ces manières de sentir ; puisque, en un mot, c’est la langue qui nous met directement en contact avec lui. Mais, dira-t-on, il existe de nombreux Chinois qui parlent soit le français, soit le russe, ou surtout l’anglais ; outre les interprètes, il y a les compradors, ces personnages mi-interprètes, mi-négociants, qui servent partout d’intermédiaires entre les maisons européennes et les maisons chinoises. Il faut remarquer d’abord qu’assez nombreux dans les grands ports, les interprètes, les compradors, d’une façon plus générale, les Chinois qui parlent une langue européenne sont rares dans les places ouvertes d’importance inférieure et n’existent pas dans l’intérieur où il faut les faire venir de la côte ; attendre pour multiplier en Chine nos entreprises commerciales et autres, que l’on puisse avoir partout des Chinois parlant le français,