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LES COMMERÇANTS ET LES CORPORATIONS

apprentis, porteurs, l’œil à peine à saisir une différence ; même similitude d’une boutique à la voisine, d’un commerce à un autre. Il n’y a pas de livrée comme celle des commissionnaires de nos grands magasins ou comme le costume spécial de plusieurs corporations japonaises. Le Chinois, en effet, ne connaît d’autre costume distinctif que l’uniforme officiel ; le mandarin dans la vie privée, le laboureur ou l’artisan endimanchés, le marchand, le domestique ont toujours vêtements de même coupe, de couleurs analogues ; chez les marchands ordinaires, chez les gens de moyenne aisance, c’est toujours la longue robe de toile bleue, parfois presque noire, parfois blanche ou grise en été ; pardessus, on porte le khan-kiai-eul, sorte de caraco sans manches, et enfin une pèlerine, le ma-koa-eul, que l’on met surtout en tenue de cérémonie ou pour sortir en hiver ; la petite calotte de satin noir à boulon rouge complète l’habillement, sauf pendant les chaleurs de l’été. L’uniformité du costume correspond à celle de la société, où il n’y a pas de castes et à peine de classes.

Les manières et le langage ne sont pas moins unis ; patrons et commis, commis entre eux s’abordent avec ces inclinations peu accentuées, ces saluts de mains de la politesse quotidienne ; ils se parlent dans ce style semi-familier, semi-respectueux, habituel à toutes les conversations entre amis ou entre gens se connaissant à peine, pourvu que des relations rituelles ne soient pas en jeu, des rapports hiérarchiques pas en question. Pas de génuflexions, pas de ces formules d’une humilité excessive qui donnent l’idée du servage ou de la servilité. À l’égard de l’acheteur, on use de la même politesse moyenne ; encore faut-il ici faire quelques distinctions. L’acheteur sans importance, qui vient en passant, est traité poliment, mais sans préve-