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EN CHINE

corps des interprètes, formé par ces études, a déjà rendu de longs et utiles services à la diplomatie ; quoi qu’il ait déjà fait, on devra lui demander davantage encore ; et pour cela, il ne s’agira pas seulement de lui accorder la considération dont il est digne, de l’employer de manière à lui faire utiliser le plus possible de ses connaissances, à le mettre à même d’en acquérir chaque jour de nouvelles ; il sera nécessaire en outre de lui inculquer dès le premier jour, avec les rudiments de la langue et la méthode de travail, la connaissance de l’histoire, des mœurs et de la pensée chinoises. On le fait déjà, peut-être le pourra-t-on faire davantage. Ainsi compris, le rôle des interprètes est de première importance, par l’influence qu’ils peuvent acquérir sur les indigènes auprès desquels ils sont les représentants des idées européennes ; leur place doit d’ailleurs croître avec la multiplication des grandes entreprises industrielles, c’est-à-dire des points de contact, comme aussi avec les transformations politiques qui s’annoncent. Mais ce rôle ne peut être joué, cette place ne peut être tenue que grâce à une formation pratique dirigée par une méthode scientifique rigoureuse.

J’ai hâte d’arriver à un autre point sur lequel l’attention s’est portée depuis quelques années. La sinologie a déjà rendu des services à certaines industries ; il suffit de rappeler les notices et ouvrages de Stanislas Julien sur la ramie, la porcelaine, les mûriers et vers à soie ; mais elle doit faire autre chose encore. Le commerce en Chine s’est fait jusqu’ici au moyen de compradors, indigènes parlant quelque peu l’anglais ou plutôt ce jargon mixte que l’on nomme pidgin english, et servant d’intermédiaires obligés entre les maisons européennes et les maisons chinoises ; employé par un commerçant étranger qui lui donne habi-