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DE L’UTILITÉ DES ÉTUDES CHINOISES

miques ne soient plus celles des siècles passes, nous pouvons trouver là, non seulement honneur, mais avantages de divers genres. Un protectorat d’une autre espèce, celui de l’Annam, avec l’administration totale de la Cochinchine et du Tonkin, nous met en contact immédiat et journalier avec les Chinois, nos voisins, et aussi avec une population formée par la civilisation chinoise et que nous nous sommes engagés à faire vivre en paix et prospérité. Pour traiter en Chine et en Indo-Chine les affaires de nos nationaux et de nos protégés, nous avons des fonctionnaires de divers ordres, administrateurs, officiers, interprètes, diplomates. Personne ne me contredira, je pense, si je dis qu’à tous ces Français il faut, pour réussir dans leurs missions diverses, une connaissance approfondie du milieu où ils agissent, du monde où ils sont appelés à vivre et qui est si différent de celui d’où ils viennent.

Sans doute, je ne prétends pas que tous nos officiers en Indo-Chine, tous nos diplomates en Chine connaissent la langue du pays ; ce but serait difficile à atteindre et il n’est pas à souhaiter qu’il soit atteint. Mais les résidents, les interprètes, en rapports quotidiens avec les indigènes, ne peuvent s’acquitter de leurs fonctions qu’en pénétrant dans des formes de pensée étrangères, il leur faut savoir sérieusement la langue, il leur faut connaître aussi tout un système d’habitudes, de traditions, de conditions sociales dont l’analogue n’existe pas en France ; ce n’est pas assez de posséder le vocabulaire et la grammaire, il faut se faire une éducation complète, dirai-je une âme ? d’Asiatique, et cela sans laisser atteindre en soi l’éducation, l’esprit européens. Les langues de la Chine et de l’Indo-Chine sont professées, l’histoire, la géographie, les coutumes de ces nations sont exposées à Paris par des maîtres autorisés. Le