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DE L’UTILITÉ DES ÉTUDES CHINOISES

pouvons même pas soupçonner la richesse : et qui dira qu’il est sans intérêt d’étudier de plus près ces races turkes et mongoles dont les hordes ont plusieurs fois dévasté le monde slave, latin et germanique, y ont laissé des populations entières comme trace de leur passage ? et comment la patrie de Burnouf serait-elle indifférente à l’histoire du bouddhisme, dont les œuvres chinoises ont déjà précisé, permettront peut-être de préciser encore davantage la chronologie ? Laissons maintenant les voisins de la Chine et entrons dans la Chine même : nous y trouvons une civilisation vieille de trente siècles, qui a eu avec l’Occident plus de rapports qu’on n’imagine d’habitude, mais qui a absorbé ses emprunts et les a rendus méconnaissables par la force d’une conception originale, jamais asservie au modèle étranger ; un autre trait marquant de celle civilisation, c’est la continuité de son développement, non sans déviation ni retour en arrière, mais sans rupture comparable à celles qu’ont été notre moyen-âge, puis notre renaissance. Certes, il y a là un ensemble de faits qui doit retenir le regard de l’historien ; mais la persistance d’une société qui a si longtemps maintenu ses principes essentiels, culte des ancêtres et forme de la famille, qui a MI les adapter à des circonstances politiques aussi différentes que l’autonomie et l’asservissement à des races étrangères, l'éparpillement de la féodalité cl l’unité d’un grand empire administratif, qui a traversé les régimes sociaux et économiques les plus divers pour la liberté individuelle et la tenure des terres, pour l’institution militaire et l’organisation industrielle et commerciale, celte persistance est sans doute en elle-même un fait qui mérite d’arrêter la réflexion et, si les sciences sociales n’y doivent peut-être pas chercher des solutions à préconiser, du moins elles y trou-