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2o les verbes, 詞 kotoba, qui correspondent à nos verbes et à nos adjectifs, les uns et les autres revêtant différentes formes qui constituent une conjugaison ; 3o les particules, 天爾遠波 teniwoha, qui s’attachent aux noms ou aux verbes pour former des cas ou des temps.

Application de ces principes au texte cité :

mei toku wo, complément direct, précède akiraka ni suru, verbe ;

akiraka ni suru ni, verbe servant de complément, précède ari, verbe final ;

todomari wo, complément direct, précède sirite, verbe au gérondif, qui précède à son tour la proposition principale : sikausite noti sadamaru ari.

On remarquera spécialement les faits suivants :

tao, que nous tenons pour le sujet des trois verbes tsai, est lu en japonais miti ha ; cette particule ha, très fréquente, a pour effet d’attirer l’attention sur le mot ou la proposition qui précède : elle a une valeur disjonctive, oppositive, et peut se traduire par quant à ; lorsqu’elle est répétée, elle répond bien au grec μένδέ…… Souvent le mot ainsi disjoint devient sujet en français, mais il n’en est pas toujours ainsi ; et l’on s’exposerait à de graves et fréquents contresens, si l’on regardait ha comme marque du nominatif. En réalité le verbe japonais est impersonnel et se passe très souvent de sujet : l’action a lieu par rapport à une personne (ha, disjonctif), par le moyen d’une personne (instrumental), dans une personne (locatif), comme propriété d’une personne (génitif). La phrase chinoise est, en général, assez amorphe, pour se prêter également à la traduction japonaise et à la traduction française.

sikausite, correspondant à eul, est superflu dans la phrase japonaise (c’est pourquoi je l’ai mis entre crochets) ; encore au XVIIe siècle, m’a-t-on affirmé, la phrase se lisait : todomari wo sirite, noti, etc., ce qui a exactement le même sens et est plus japonais. Mais on a trouvé que eul était insuffisamment rendu par la forme gérondive de sirite et l’on a voulu avoir un mot japonais pour répondre à chaque mot chinois.

neng est traduit en français par le verbe pouvoir ; le japonais le rend par yoku, forme correspondant à un adverbe et signifiant