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CVIII
INTRODUCTION.

français et qui ignore toute conjugaison, toute modification phonétique.

Néanmoins les Coréens ont emprunté énormément à la langue chinoise, et le fait s’explique par la différence de culture qui existait au IVe siècle entre les tribus guerrières et pastorales de la Corée, et leurs puissants voisins d’occident ; chez celles-là, la vie sociale, les arts, les connaissances générales, par suite aussi la langue, tout était dans l’enfance ; les autres arrivaient avec une organisation militaire perfectionnée, l’administration reposait sur des traditions vieilles de plus de mille ans, la constitution de la famille était d’origine encore plus antique, les commencements des arts et des sciences se perdaient dans le lointain des âges, la parole écrite était devenue un instrument délicat capable de montrer tout objet et de traduire toute pensée. Les barbares coréens, éblouis de l’éclat de cette civilisation, cherchèrent à l’acclimater chez eux ; les commodités de la vie, les besoins d’une administration qui se formait, les aspirations vers une religion nouvelle, tout les poussa vers la Chine ; à des idées neuves il fallait des mots neufs, les dialectes coréens auraient eu besoin d’une longue élaboration pour les fournir. Il était plus simple de se servir de l’instrument qu’apportaient les Chinois ; cette sujétion intellectuelle coûtait moins