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MÉLANGES.

langue des Hakka, langue mandarine, etc. ? On peut tâcher d’avoir un seul système pour la transcription de toutes les langues chinoises, comme on en a un pour les langues slaves, comme on a un alphabet pour les langues romanes ; l’unité de système facilitera la tâche de ceux qui voudront rechercher quelles lois phonétiques et morphologiques agissent dans ce groupe linguistique. Mais il ne faut pas s’imaginer qu’une seule transcription soit jamais suffisante : 昨 correspondra à dzak, tsok, tohak, tchauk, tsoh, tso, tjak, saku, 哲 à tit, tchit, tchiat, tse, tchę, tchyel, tetu, suivant le dialecte ou la langue que l’on a en vue. On peut done avoir unité de système, on ne peut avoir unité de transcription. De même, il me semble difficile, et peut-être inutile, d’étendre un seul système de transcription à tous les genres de travaux : le linguiste doit rendre chaque son, chaque élément phonique, avec la plus grande précision possible et, pour y atteindre, il doit avoir recours à des signes diacritiques plus ou moins nombreux. Pour qui étudie l’histoire ou la sociologie, il suffit que les mots transcrits se distinguent les uns des autres, que la transcription donne une idée approchée du son, les signes diacritiques et la précision du linguiste devenant au contraire un embarras.

Je ne verrais donc pas d’inconvénient à avoir deux systèmes ; l’un, analogue à celui qui est en usage pour les langues slaves ou pour le sanscrit, servirait, lorsqu’il s’agit de phonétique, de morphologie, de métrique, de linguistique, même de grammaire ; au contraire pour la littérature, l’histoire, la jurisprudence, on employerait une transcription moins rigoureuse, aussi proche que possible de la prononciation ; cette dernière transcription varierait naturellement et avec le dialecte chinois étudié, et avec la langue de l’écrivain européen ; la transcription scientifique pourrait au contraire être unique pour tous les peuples qui emploient les caractères latins. Parmi les langues parlées aujourd’hui en Chine, le mandarin du