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Nous l’avons vu, après le 10 thermidor, dire à Robespierre : « Si tu bois la ciguë, je la boirai avec toi ». Ainsi la préoccupation de son esprit, le désordre de ses idées, étaient tels, qu’il allait jusqu’à comparer Robespierre à Socrate. Au reste, pour reconnaître jusqu’à quel point il avait été subjugué par les hommes qui versaient le sang humain sur l’autel de la liberté, il suffit de lire le discours qu’il tint le 13 thermidor, lorsqu’André Dumont demanda qu’il fût arrêté.

« On ne peut concevoir jusqu’à quel point ce malheureux Robespierre m’a trompé : c’est par ses sentimens hypocrites qu’il m’a abusé. J’ai quelquefois mérité votre estime par ma franchise ; eh ! bien, citoyens, je vous prie de croire que la mort est préférable à ce que j’éprouve dans ce moment. Dorénavant j’en fais le serment, et j’ai cru le remplir encore dans cette malheureuse circonstance, je ne m’attacherai plus aux hommes, mais seulement aux principes.

Les évènemens exercent une influence nécessairement plus grande sur les hommes doués d’une imagination vive, exaltée : l’histoire est là pour justifier cette assertion. Bonaparte disait que, si Corneille eût vécu de son temps, il l’aurait nommé conseiller d’Etat ; si David fût né sous le règne de Louis XIV, il n’aurait été qu’un grand artiste, comme Corneille n’a été qu’un grand poète.

Il me reste à considérer David comme artiste,