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d’affections douces et tendres. Nous l’avons vu, dans sa prison, occupé à faire le portrait de sa mère. Il fut bon fils et bon père ; mais, lorsque les idées politiques prennent leur source ailleurs que dans le cœur, elles peuvent conduire au plus funeste égarement. L’histoire de la république romaine avait produit une vive impression sur l’imagination ardente de David ; les sujets qu’il y avait puisés et qui l’avaient le mieux inspiré étaient ceux où régnait l’amour de la patrie porté jusqu’à l’abnégation de soi-même : le vieil Horace recevant de ses fils le serment de mourir pour leur patrie, et remerciant le ciel d’avoir donné le jour à des héros ; Brutus prononçant lui-même la mort de ses enfans qui avaient conspiré contre la liberté de leur pays, en voulant ramener les Tarquins dans Rome, font connaître quelle était la nature des idées qui l’occupaient, et me semblent pouvoir expliquer sa conduite. Il poussa l’amour de la patrie, l’amour de la liberté jusqu’au délire, et, dans son aveuglement, il fut complètement dupe des monstres dont la bouche souillait les mots de liberté et de patrie. Lorsque Pétion attaqua Marat, le 3 avril 1793, dans une séance permanente qui fut extrêmement orageuse, David prenant sa défense, s’écria : « Je vous demande que vous m’assassiniez… Je suis aussi un homme vertueux, la liberté triomphera… » Marat vertueux ! quelle démence !