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et voulut achever la Colère d’Achille, que M. Stapleaux, son élève, termina sous ses yeux ; bientôt il fut en proie aux plus cruelles souffrances. Sa vie était presque éteinte, lorsqu’on lui présenta une épreuve de la gravure des Thermopyles, sur laquelle M. Laugier désirait recueillir son avis. Il la fit placer devant lui, et, montrant avec le bout de sa canne les diverses parties de cette planche, il articula avec peine quelques observations. Puis, quand il en fut au personnage principal, il dit  : « Ah ! ce n’est pas là la tête de Léonidas ! c’est qu’au fait il n’y avait que moi qui pusse la faire » ! Ce furent ses dernières paroles ; sa canne s’échappa de sa main, et sa tête retomba sur sa poitrine.

Il mourut, le 29 décembre 1825, à dix heures du matin, entouré de sa famille. Ses obsèques furent magnifiques. Ses enfans avaient demandé la faculté de rapporter le corps de leur père en France : cette demande fut refusée ; les lettres de part distribuées à Paris, portaient : Décédé, en exil, à Bruxelles. Depuis, son cœur a été déposé au cimetière de l’Est, ou sa famille lui a élevé un monument.

David se montre à la postérité sous le double rapport d’homme public et d’artiste.

Sous le rapport politique, sa conduite est empreinte d’une exagération affligeante ; cependant, quoique brusque dans son ton et ses manières, David n’était pas un méchant homme : il était suscep-