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du spectateur fût arrêtée. En effet, qu’a voulu représenter le peintre ? La noble résolution prise par Léonidas et ses trois cents guerriers de mourir pour leur patrie. Comment a-t-il exposé son sujet ?

A l’approche de l’ennemi, tout s’anime et s’apprête ; celui-ci gravit un rocher pour écrire avec le pommeau de son épée cette inscription célèbre : « Passant, va dire à Sparte que nous sommes morts ici pour obéir à ses saintes lois[1] ». Ceux-là s’emparent de leurs armes ; ici, un jeune homme presse la main de son père sur son cœur, pour lui prouver qu’il est inaccessible à la crainte ; là, un aveugle se fait conduire par un esclave pour partager la mort glorieuse à laquelle ses compagnons se dévouent. Au milieu de ce mouvement, le peintre a montré Léonidas tenant son épée et son bouclier, c’est-à-dire, prêt à consommer le sacrifice auquel il s’est déterminé, mais en même temps profondément occupé de l’avenir de sa patrie. Sans doute, c’est une idée heureuse d’avoir voulu que le général fût animé de sentimens supérieurs à la perte de la vie ; mais, sous le rapport pittoresque, sous le rapport même de la pensée, peut-on dire que cette figure sert de lien, de foyer, si je puis m’exprimer ainsi, à toute

  1. On sait que cette inscription fut composée par Simonide pour le monument élevé par les Lacédémoniens au lieu même où les trois cents héros s’étaient dévoués au salut de la Grèce.