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sacra son pinceau au jeune Bara, et le représenta au moment où, frappé à mort, il tombe en mettant la cocarde tricolore sur son cœur. Ce tableau n’est pas achevé ; mais l’ébauche que David a laissé est déjà un chef-d’œuvre de sentiment et d’expression.

L’horreur qu’inspiraient Robespierre et ses adhérens était parvenue à son comble ; le 9 thermidor renversa les échafauds de la terreur. Attaqué avec une violence extrême par André Dumont, David se défendit, en disant que Robespierre l’avait trompé par ses sentimens hypocrites. Goupilleau de Fontenai lui reproche d’avoir embrassé Robespierre au moment où il descendait de la tribune, en lui disant : « Si tu bois la ciguë, je la boirai avec toi ». David nia qu’il eût embrassé Robespierre, mais il convint qu’il lui avait dit qu’il boirait la ciguë avec lui. Par suite de cette réaction, il fut emprisonné deux fois ; au mois de fructidor an iii, il fut autorisé à rester chez lui, sous la surveillance d’un garde ; enfin le décret d’amnistie du 4 brumaire an iv lui rendit la liberté, et il rentra dans la vie privée.

A la première de ces deux détentions, ses élèves se réunirent et présentèrent à la Convention une pétition pour demander son élargissement ; l’un d’eux fut invité à la lire à la barre ; on sent bien qu’elle avait été inspirée par le sentiment qui unit les élèves à leur maître, et qu’elle devait en être