Page:Coupin - Essai sur J. L. David, peintre d'histoire, 1827.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il s’est, pour ainsi dire, approprié cette idée. Quel heureux effet ce groupe produit dans l’ensemble de cette scène !

Déjà l’on peut reconnaître, dans un épisode presque inaperçu de cette composition, la nature des idées qui fermentaient dans la tête de David : le rideau de l’une des fenêtres de cette salle, violemment agité par le vent, laisse entrevoir, au-delà, le ciel couvert de nuages précurseurs de la tempête ; le nuage s’ouvre et la foudre qui s’en échappe vient frapper la chapelle royale.

Cette composition inspira à André Chénier une ode dont il serait inutile de rapporter la date : elle est écrite à chaque vers. Cette ode, qui produisit une grande impression, commence ainsi :

Reprend ta robe d’or, ceins ton riche bandeau,
Jeune et divine poésie !
Quoique ces temps d’orage éclipsent ton flambeau,
Aux lèvres de David, roi du savant pinceau,
Porte la coupe d’ambroisie.
La patrie, à son art indiquant nos beaux jours,
A confirmé mes antiques discours,
Quand je lui répétais que la liberté mâle
Des arts est le génie heureux ;
Que nul talent n’est fils de la faveur royale,
Qu’un pays libre est leur terre natale……

Par un décret du 28 septembre 1791, l’Assemblée ordonna que ce tableau serait exécuté aux frais du trésor public, et placé dans le lieu de ses séances ;