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On se rappelle que le 20 juin, jour où le clergé devait se joindre aux communes, les députés, trouvant leur salle fermée, se rendirent, après avoir erré quelque temps dans les rues de Versailles, à la salle du Jeu de Paume, où il jurèrent de ne se dissoudre qu’après avoir donné une constitution a la France. Telle fut la formule du serment que prononça Bailly, monté sur une table, et que tous répétèrent avec enthousiasme ; tous, un seul excepté.

C’est le moment de cette prestation de serment, de cette acclamation, de ce vœu si fortement et si unanimement exprimé, que le peintre a représenté avec une énergie et un talent dignes de son sujet. Quel mouvement imprimé à toutes ces figures ! quel élan ! quels transports ! Bailly seul est calme ; mais que de noblesse dans son expression ! c’est là où l’on peut voir comment un homme de génie sait vaincre les obstacles : les costumes modernes si rebelles à la peinture, n’occupent pas un seul moment l’attention, parce que tout est plein de vie et de chaleur. Pour montrer l’union qui anime l’assemblée, David groupe ensemble, sur le devant de la scène, un chartreux, un protestant et un autre membre du Tiers-État. Il est vrai que la disposition de ce groupe se retrouve dans plusieurs monumens ; mais c’est un homme habile qui fait cet emprunt ; et par la manière heureuse dont il a su l’employer,