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Dans ce tableau, comme dans les Horaces, le peintre me semble avoir dépassé les limites de son art : il divise l’intérêt ; conséquemment, il l’affaiblit. C’était Brutus, et Brutus seul, qu’il fallait mettre sous les yeux du spectateur.

Cette composition fait naître encore une observation d’une autre nature : c’est qu’elle manque de vraisemblance. Comment supposer, en effet, que les restes mutilés des fils de Brutus aient dû passer, pour ainsi dire, à travers la maison de leur père, sous les yeux de leur mère. On voit que c’est une scène disposée pour produire un effet cherché ; mais le but est dépassé : les corps sont trop près, et du père, et des spectateurs.

Nous voici arrivés à cette époque mémorable où les pouvoirs anciens eurent à lutter avec les idées nouvelles. On sait quel fut le résultat de cette lutte ; tout périt : le trône et la liberté. David, par la nature de ses aspirations et de son talent, se trouva entraîné d’abord parmi les amis ardens de la liberté ; plus tard, on le vit dans les rangs des démagogues les plus outrés. Dès ce moment, son pinceau ne fut plus occupé qu’a reproduire quelques scènes de la révolution. Sa première, et la plus importante production de cette époque, est le serment du Jeu de Paume. [1]

  1. Gravée à l’aquatinta par M. Jazet.