les Horaces soient vainqueurs ou vaincus, leur mort ou leur victoire fera toujours couler des larmes.
Je crois que le peintre a méconnu les limites qui séparent la peinture de la poésie. Le poète pouvait, devait même faire entendre tour-à-tour les transports des guerriers et la douleur de la mère et de l’amante ; mais le peintre ne pouvait mettre en présence deux groupes dans son tableau, sans troubler l’unité d’effet et d’action. A la vérité, le groupe de femmes est sacrifié à celui des guerriers ; toutefois, il partage involontairement l’attention ; je crois donc que c’est une faute. Au reste, quelle fierté dans ces jeunes guerriers ! Ce ne sera pas en vain que Rome[1] leur aura confié ses destins. L’amour de la patrie, la gloire d’avoir donné le jour à des héros, voilà ce qui anime le père ; et comme ces sentimens sont bien exprimés !
Un poète moderne a dit[2], en parlant de Corneille qui, dans sa tragédie des Horaces, a peint avec tant de grandeur les temps héroïque de l’ancienne Rome :
« Ah ! tu dois errer sur ces bords
Où le Tibre te rend hommage !
Viens converser avec les morts
Dont ta main retraça l’image.