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peintre, ainsi que le tableau, furent reçus à Paris avec transport.

Cette belle production eut une prodigieuse influence sur l’école et même sur les usages : les costumes et les ameublemens changèrent de style ; cette fois, ce fut le génie qui donna une direction nouvelle à la mode : cette circonstance n’est pas indigne d’être rapportée.

À cette époque, David éprouva des tracasseries qui prenaient leur source dans l’ignorance et l’envie. Non seulement, M. D’Angivilliers, alors directeur général des bâtimens du roi, lui fit un reproche d’avoir exécuté le Serment des Horaces dans une dimension plus grande que celle qui avait été prescrite ; mais encore il se permit de critiquer amèrement cet ouvrage. Le temps a fait justice des ennemis de David, et le Serment des Horaces est resté ce qu’il est réellement, un tableau dans lequel on trouve des beautés du premier ordre, quoique l’ensemble ne soit pas à l’abri de toute critique. Le groupe de femmes, par exemple, me paraît une faute sous le rapport pittoresque. Pour produire une opposition, l’artiste a voulu montrer, d’un côté, l’enthousiasme de la gloire faisant taire les plus doux sentimens ; de l’autre, une mère, une amante, des enfans essayant en vain de trouver dans l’amour de la patrie le moyen d’imposer silence à une douleur qui n’est que trop légitime. En effet, que