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pour sa personne; je ne pouvais plus me passer de lui; je profitais moi-même à lui donner des leçons, et les questions qu’il me faisait seront des leçons pour ma vie: Jai perdu mon émulation. »</ref>

Sous le règne de Louis XV, lorsque M.de Marigny fut nommé intendant de la maison du [16] roi, les arts étaient tombés dans une telle défaveur que, pour les relever, on eut la pensée, bonne sans doute par l’intention, de commander aux peintres d’histoire et aux statuaires les plus habiles, des tableaux et des figures en marbre. Le prix et les proportions de chacun de ces ouvrages furent expressément indiqués; mais on oublia de fixer une destination. Cette erreur qui, en se perpétuant, a eu de si fâcheux résultats, rendit la plupart de ces productions plus embarrassantes qu’utiles aux arts et à la gloire de l’école. Les statues, notamment, étaient encombrées dans une salle de Louvre, dite des Antiques, d’où la révolution seule les a fait sortir.

Un de ces tableaux fut commandé à David, qui exécuta le Serment des Horaces[1]; il en avait arrêté la composition et l’ensemble à Paris; il le termina, en 1784, à Rome, où il eut un succès complet. Le vieux Battoni en fit les plus grands éloges[2], et renouvela à son auteur le désir de le voir se fixer à Rome; mais David résista à ces instances, et le [17]

  1. Gravé par M. Morel
  2. Il dit, à cette occasion, à David: « Tu ed io, soli, siam pittori; pel rimanente si può gettarlo al fiume », Battoni, en mourrant, laissa sa palette et ses pinceaux à David.