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XXXIIIe livre de Tite-Live, dont le manuscrit avait été découvert en Allemagne.

En Provence, il ne se laissera pas trop souvent charmer par

Ce rivage où Thétis se couronne
De bouquets d’orangers[1],

mais il lira les livres qu’on lit dans la société du Grand Prieur, et c’est dans ce milieu, plus italianisé que le Nord, qu’il traduira les Larmes de saint Pierre du Tansille. Il a dû y lire aussi Ronsard et Desportes et les poètes du jour, et M. Brunot a montré l’esprit qui régnait autour du poète normand dans cette société. Malherbe a dû aussi s’entretenir de poésie avec ce du Périer auquel il adressa la célèbre consolation, et auquel il songea longtemps encore après son départ de Provence ; poète lui-même, ce magistrat avait fait en 1578 à de Laurans[2] un compliment en vers suivant la formule qui consiste à attribuer à une inspiration divine l’œuvre dont on fait l’éloge : cette formule était celle de du Bellay complimentant Jodelle, de Desportes vantant la Bergerie de Remy Belleau (nous le verrons plus loin); Malherbe et du Périer ont pu lire ensemble ces poètes. Mais c’est surtout Du Vair qui a agi sur Malherbe, et M. Brunot a bien fait voir de quelle importance avait pu être son

  1. Malh., I, 229.
  2. V. Les poésies de Malherbe avec les observations de Ménage (2e  éd., 1689), p. 431. Malherbe à Paris continue à se dire le « très affectionné serviteur » de du Périer (Malh., III, 8, 12, 15, 19 et passim) et il corrige même une harangue écrite par le fils de ce du Périer (IV, 124 et n. 1 et 125).